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138 H E N R I DE G AN D ET M ATHIEU D ' AQUASPARTA. tirait du parallèle entre la vision oculaire et la vision intellectuelle que l’intellect ne pouvait rien connaître sans l’intervention d’une lu­ mière extérieure. Ici, il cite un texte dans lequel Isaac affirme que, la lumière divine, qui sort du soleil divin sans le quitter et qui par­ vient jusqu’à notre intelligence pour l’illuminer, est vue la première, avant ce qu’elle fait voir, de sorte que l’intelligence atteigne la sour­ ce même de la lumière qui l’ècla ire18. Guibert se défend d’affirmer par là que l’intellect humain con­ naisse pleinement l’essence divine ici-bas, ou que celle-ci informe l'âme par elle-même. Elle l’informe seulement par une certaine si­ militude, selon saint Augustin au De Trinitate, IX, c. XI. Et Guibert explique que cette lumière inaccessible en elle-même est vue dans son reflet, comme il est expliqué dans le De divinis nominibus du Pseudo-Denys 1S. En lisant cette connaissance de Dieu dans un reflet de sa lu­ mière, le lecteur se dit que cette connaissance de Dieu dans ses reflets créés ne dépasse pas la portée d’une métaphore pour ex­ primer une connaissance de Dieu dans ces oeuvres, comme dans l’Epitre aux Romains (I. 19-21), saint Paul déclare que les attributs invisibles de Dieu sont visibles dans la création. Ils sont vus parla raison raisonnante qui remonte des effets aux causes. Mais, pour Guibert, ce n’est manifestement pas assez dire, car il reprend sa théorie de la vision intellectuelle sous forme de réponse à l’objec­ tion que la lumière naturelle, qui fait voir les couleurs, n’est pas vue et, donc, que la lumière divine, qui est le médium de la con­ naissance intellectuelle, n’est pas vue non plus20. Guibert répond que la lumière solaire n’est pas vue en elle- même, parce que son action se termine à l’objet, lequel émet sa propre ressemblance à l’oeil qui voit l’objet dans cette similitude de l’objet. Par contre, la lumière divine atteint directement la natu­ re de l’âme et l’informe de sa similitude, selon saint Augustin. Ce qui justifie le dire de Guibert: Sed in visu spirituali aliter est, quia primo videtur lumen illud per quod alia videntur 21. 18. Ibid. n. 7. 19. Ibid. n. 9. 20. Ibid. cap. III: “ Declaratio dlcti: quomodo lumen videtur in quo alia videntur, cum tamen lux quae est medium videndi non videatur” ? 21. Ibid. n. 7.

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