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CAM II.L E BERUBE 137 me de réponse à une objection et d’un éclaircissement qui est tiré littéralement du De Veritate de Robert Grosseteste- Peut-être est-ce la connaissance de ce texte, grâce aux fréquents passages de Ro­ bert Grosseteste à Paris et à la continuité des relations des francis­ cains de Paris avec ce fondateur de l’école franciscaine d’Oxford, qui a provoqué cette promotion de la théorie assez négative et “ surnaturaliste” de la connaissance de la vérité par l’influence ’gratuite’ de la vérité incréée, au rang d’une théorie positive de la connaissance de Dieu dans le créé. Le chapitre III part de quatre exemples pour en induire le prin­ cipe fondamental de toute la doctrine de Dieu premier connu, à sa­ voir que l’imparfait se connaît par l’être parfait. C’est un principe platonicien dont saint Augustin 15 avait fait l’application à la connais­ sance et dont Guibert semble ignorer l’origine, car, s’il l’avait con­ nu, il eut dû, conformément à ses habitudes littéraires, le citer- Bona- venture non plus, ne ie cite pas dans l 'Itinéraire, alors qu’ Henri de Gand et Mathieu d’Aquasparta s’y réfèrent très explicitement. Re­ produisons ce texte fondamental de Guibert, car il contient déjà une ambiguité sur la distinction entre la vision de Dieu et la percep­ tion ou conscience de cette vision. Le titre de la question dit en effet: Quod in creatura Deus primo ab inteliigentia advertitur, sic in eo quodammodo cetera cognoscuntur 16. Ce principe, qui en de­ vrait être la reprise, se lit au contraire ainsi: Ex his 4 exemplis pa- tet, quod quidquid defectivum scitur, per id quod sine defectu est prius cognitum scitur, sed prius non advertebatur 17. Cette antithèse entre ce prius cognitum scitur, qui deviendra au chapitre suivant un objet de vision intellectuelle, avec ce prius non advertebatur restera un point névralgique de toute les théories de l’illumination pendant tout le treizième siècle, et sera l’objet des critiques d'Olivi aussi bien que de Richard de Middleton et Duns Scot. Après avoir énoncé ce principe, sans en donner aucun com­ mentaire, Guibert le confirme par Isaac de l’Etoile, invoqué égale­ ment dans le premier texte sur la nécessité de l’illumination. Là, il 15. S. A u g u s tin u s , De vera religione, c. 30, n. 55: “ Aut unde convin - ceretur longe plurimum dlfferre a perfecta, nisi ea quae perfecta est mente videretur” (PL 34,146). 16. G u ib e r tu s T o r n a c e n s is , l. c. Tract. I l l cap. II. 17. Ibid. dans l’édition de S e rv u s G ie b e n , O.F.M. Cap., n. 6 .

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