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CAMILLE BERUBE 171 connu. Il ne pouvait l’ignorer tout à fait, bien qu’il ne l’aborde qu’inci demment et laisse tomber les passages de l 'Itinéraire touchant la connaissance de l’acte pur et la non-attention portée par l’intel ligence à cette connaissance de Dieu. Aussi bien n’y avait-il point de place disponible dans sa théorie, puisque pour lui la lumière éternelle n’est en aucune façon un objet, mais un pur médium con duisant à la connaissance d’autre chose qu’elle même. Mais les textes d’Avicenne, en circulation depuis Alexandre de Halés et sys tématiquement mis en relief par Henri de Gand, ne pouvaient pas ne pas apparaître de quelque façon. On les trouve au moins à trois reprises sous formes d’objections, non dans les questions consa crées à l’illumination, mais occasionnellement. Déjà dans le De cognitione q- I, sur la connaissance du non- être, la théorie d’Avicenne est invoquée pour prouver que le non- être est inconnaissable, parce que le premier connu est principe de toutes les connaissances qui suivent celles du premier connu, ou de ce qui advient le premier à l’intelligence. Mathieu concède que ce qui advient le premier à l’intelligence, c’est l’être. Mais cet être n’est pas quelque chose de déterminé en acte ou en puissan ce. Ce n’est pas non plus quelque de présent, de passé ou de futur. C’est l’être qui est au-dessus de toutes ces choses; l’être dans l’intelligence éternelle ou dans l’exemplaire éternel109. Même enseignement dans le De anima beata, qu. I. On y objecte que le premier connu, c’est l’être créé et que, puisque le premier connu est le principe de la connaissance de tout le reste, toute con naissance est restreinte à l’être créé et que Dieu est inconnaissa ble. Mathieu est embarrassé et tente successivement trois solutions. La première, c’est que le premier saisi par l’intelligence, ce n’ est ni l’être créé, ni l’être incréé, mais l'être commun analogue. La deuxième réponse, c’est que ce qui est connu le premier n’a aucu ne unité, mais est deux choses, à savoir, le créé et l’incréé. L’intel ligence, en raison de son engourdissement, les perçoit sous une certaine indistinction, ne distinguant pas l’un de l’autre. Cette so lution se trouve aussi à De productione rerum, q. I ad 4 no. La troi sième réponse, enfin, c’est que le premier connu n’est pas le prin- 109. F r . M a t th a e i..., p . 213, 216. 110. F r . M a tth a e i ab A q u a sp a rta , O .F .M ., Quaestiones disputatae de productione rerum et de Providentia, Quaracchi 1956, p. 20.
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