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CAMILLE EERUBE 1 6 9 Ces trois chefs d’arguments sont: l’objet de la connaissance, le medium de la connaissance et le jugement certain. Pour que quelque chose soit connu avec certitude, il faut qu’il soit immuable. Or, cela se vérifie dans la perception des termes, des propositions, et des premières conclusions. Suit le texte de VIti­ néraire, chap. 3, n. 3 sur la perception des termes102. On sait que Bonaventure y opère d’abord la réduction des termes des défini­ tions aux concepts les plus généraux, puis la réduction des ter­ mes qui incluent l’être sous la forme d’une négation ou d’un être imparfait, d’une part, et sous forme d’affirmation et d’être parfait, d’autre part, pour en déduire que, puisque selon Aristote les néga­ tions se connaissent par des affirmations, et que, selon saint Au­ gustin, l’imparfait se connaît par la connaissance de l’être parfait, l’intellect, qui opère à fond la réduction des termes exprimant les définitions des êtres créées, ne peut le faire sans l’aide de la con­ naissance de l’être très pur et éternel, qui est Dieu103. Le lecteur se demande en quoi ce texte de saint Bonaventure peut-il bien prouver, pour Mathieu, que les termes des définitions concernant les êtres créés sont immuables? La réponse ne doit pas être recherchée bien loin, puisque Mathieu a dit déjà très ex­ plicitement à la question précédente, qu’il n’y a d’immuabilité que dans la science divine et que toute vérité créée, ne peut être con­ nue comme immuable que par une application de l’exemplaire di­ vin à notre intellect. Il n’y a donc pas lieu de rechercher ici une réduction autre que celle que Mathieu a déjà décrite et qui consis­ te à remonter par le raisonnement jusqu’à la raison éternelle com­ me à la seule science immuable. Il est intéressant de noter que Mathieu modifie ici la dernière partie du texte de L ’Itinéraire pour le rendre conforme au texte de saint Augustin, dans le De vera religione, c. 30, n. 55. “ aut unde convinceretur longe plurimum differre a perfecta, nisi ea quae per- fecta est mente videretur” 1M. C’est dire que pour lui, c’est un re­ cours pur et simple à l’autorité de saint Augustin. Mathieu d’Aquasparta cite encore longuement l 'Itinéraire pour prouver qu’en percevant la vérité des propositions et des conclu­ 102. F r . M a t th a e i... p . 236. 103. S a n c t i B o n a v e n tu r a e Itinerarium ... V . 304. 104. F r . M atth aei ... 236.

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