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CAMILLE EERÜBE 137 le mouvant. Cette infusion de lumière n’est refusée à personne, car Dieu assiste indifféremment les bons et les méchants, selon la dis­ position de sa sagesse de coopérer à l’action intellectuelle Par ces derniers mots, Mathieu prend position contre Guibert et Henri de Gand, dont le premier tenait l’illumination pour une grâce, et le se­ cond, pour un concours que Dieu accorde aux uns et refuse aux autres. Cette théorie d’une pure influence divine par mode d’objet mo­ teur non connu, Mathieu l’avait expliquée déjà à la question Defide I, en réponse à una difficulté tirée du médium de la connaissance. Il y avait admis un médium per modum motivi, un médium per mo- dum objecti moventis et in aliud ducentis, et un médium qui bien que connaissable en lui-même, n’est cependant pas connu, parce que non proportionné à la faculté, mais qui, par son influence et sa vertu fait qu’autre chose soit connu °7. Cette explication de l’influence de la lumière éternelle comme pur objet moteur, Mathieu la répète, à satiété, et l’on ne peut que s’éton­ ner que l’on n’ait pas remarqué qu’elle contredit la position de Bona- venture qui la tient pour insuffisante et contraire à saint Augustin. Elle n'a pourtant pas échappé aux franciscains contemporains, car elle provoque une vive réaction chez Roger Marston, qui cite exacte­ ment ce texte de Mathieu et fait allusion à la réponse de Mathieu à une objection (n. 16). Mais on peut tout aussi bien lire ce mot: in­ fluence, dans la réponse aux objections n. 14, 17 et 21 de cette même question II, et dans des expressions équivalentes ailleurs. Marston dénonce vivement ceux qui croient qu’il suffit d’ad- mette un influx de la lumière éternelle dans lequel l’intellect voit formellement, parce qu’ils disent que l’âme doit exercer son opéra­ tion par quelque chose qui soit inhérent à elle, et qui tiennent que l’esprit voit effectivement en Dieu, mais formellement dans cette lumière infusée dans l’esprit. A mon humble avis, continue-t-il, ce n’est pas plus soutenir saint Augustin qui admet et prouve que l’on voit tout dans la lumière éternelle, que ne le fait l’opinion réprouvée plus haut98. Pour Marston, en effet, c’est l’impression passive, c ’est-à-dire 96. Ibid. 235. 97. Ibid. p. 52. 98. Fr. R o g e r i M a r s t o n , O.F.M., Quaestiones disputatae, Quaracchi 1932, p. 268.

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