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1 6 6 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQUASPARTA. similitudes abstraites des choses, corne des raisons propres, déter­ minées et distinctes de connaître. Ce qui leur manque pour qu’elles soient connues avec certitude, c’est l’immuabilité, comme Mathieu l’a expliqué à la question précédente. Et comme cette immuabili­ té ne se trouve ni dans les choses elles-mêmes, ni dans l’intelligen­ ce humaine, mais dans la seule raison éternelle, il faut qu’il y ait une certaine application de cette lumière et une relation à cette lu­ mière Comment cela se fait-il? Mathieu l’explique avec un luxe de précisions qui tendent toutes à éliminer la saisie de Dieu comme objet de connaissance, pour en faire un pur principe de connaître qui n’est connu de l’intelligence que par voie de raisonnement et de réduction à Dieu comme à la source unique de cette immuabi­ lité qui manque à tout ce qui est créé. Citons ce texte que la traduc­ tion et les commentaires ne peuvent que trahir. “Attingit autem mens sive intellectus cognoscens lucem illam vel rationes ideales, et cernit quodam modo eas, non ut obiectum quietans et in se ducens, sed ut obiectum movens et in aliud ducens; non ut obiectum visionis, in quo defigatur aspectus, sed ut obiec­ tum motivum et rationem videndi; non plene, sed ex parte; non in sua claritate, sed in quadam obscuritate, quia necdum est plene deifor- mis. Et ideo sic videmus per illam, quod illam non videmus; sic vide- mus, quod videre nos non percipimus, nisi cum resolvimus, ascen- dendo gradatim a corporis sensibus, usquequo veniatur ad naturam mentis rationalis, et tandem, transcendendo mentem ipsam, perve- niatur ad régulas incommutabiles, ut docet Augustinus, VII libro Confessionum" 95. Cette ’contuition’ obscure des raisons éternelles avec les rai­ sons créées dont parie saint Bonaventure dans le De scientia Christi, est donc devenue une pure démonstration rationnelle d’une influence des règles éternelles pour conférer à l’objet connu l’immuabilité qui lui manque. Comment se fait cette influence ou motion de la lumière éter­ nelle sur l’intellect? Mathieu précise que l’intellect voit objective­ ment et quasi effectivement par la lumière divine, mais qu’il voit for­ mellement dans et par une lumière que Dieu produit dans l’esprit en 94. ibid. 95. Ibid. 234-235.

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