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C’est dire que le problème qui se pose au lecteur de l’ Itinérai­ re affirmant la priorité de la connaissance de l’être pur et de l’acte pur, non pas tant comme premier connu en lui-même que comme principe de toute autre connaissance, se pose tout aussi bien au terme de sa longue lecture d’Henri de Gand. Il s’agit toujours de montrer comment Dieu est l 'objet premier moteur de l’intelligence, selon la terminologie adoptée et vulgarisée par Duns Scot dans sa critique même de la théorie de Dieu, premier connu, d’Henri de Gand. Celui-ci à la suite de Guibert, parle d’une ’information’ de l’in­ telligence par la lumière divine; information qui, selon la théorie de l’illumination d’Henri, doit aller jusqu’au contenu même de l’ac­ te intellectuel par le moyen d’une seconde espèce intelligible com­ plétive de celle qui provient des sens par la voie de l’abstraction. Dans une fine analyse des hésitations d’Henri de Gand, Jean Paulus met parfaitement en relief cette fonction d’information de l’idée commune d’être par l’idée innée de l’être de Dieu: “ Si l’ap­ préhension des êtres singuliers suppose dans l’intellect la notion préalable — quoique non remarquée— de l’être universel, à son tour la notion de l’être universel et participable suppose, comme son fondement, l’idée de l’être imparticipé et subsistant, qu’il faut tenir pour I’ objet, primum cognitum, et le plus fondamental de I’ esprit humain, en même temps qu’il est la ratio cognoscendi non moins qu 'essendi de tous les autres” w. De son côté, J. Gômez Caffarena estime que l’aspect dialecti­ que de la réduction du concept d’être privativement indéterminé à l’idée innée de l’être négativement indéterminée est une justifica­ tion introduite après coup pour légitimer des positions comman­ dées par ailleurs83. Le vrai fondement doctrinal, c’est le dogme néo­ platonicien de la participation, selon lequel ce qui est le premier dans un genre est la raison de tout ce qui se range sous ce genre. De même que rien d’imparfait dans un genre ne peut exister que par l’être parfait en ce genre, ainsi rien ne peut être connu et aimé qu’en participant à l’amour et à la connaissance du bien et du vrai absolument parfait qui est Dieu, de sorte que Dieu soit l’objet pre­ mier par soi et essentiel de l’intellect et de la volonté, comme Hen­ ri le répète encore dans un texte plus tardif; “Taie autem in cuius 162 HENRI DE GAND ET MATKIZU D’ AQUASFARTA... 88 . J e a n P a u lu s, Henri de Gand, p . 26. 89. J. G öm ez C a ffa r e n a , Enrique de Gan te... 203-20 9.

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