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CAMILLE BERUBE 161 celui qui est propre au créé, l’autre qui est commun au créé et à l’incréé et le troisième qui est propre à Dieu“ . Nous avons là le dernier mot d’Henri sur la question de Dieu, premier connu. Il nous laisse en face de trois concepts de l’ens simpliciter opposé au concept d’un être particulier. Dans l’ Itinérai­ re, Bonaventure opposait cet être particulier à l’être analogue et à l’acte pur. Chez Henri, le concept analogue se dédouble en un con­ cept de l’être créé et en un concept qui convient au créé et à l’in- créé en raison de l’appréhension confuse et confusive de l’intellect. L’article 21 avait exclu ce concept analogue, mais l’article 24 le réintroduit. C’est devant ce désaccord que les historiens parlent de la ’tentation d’univocité’ d’Henri de Gand et d’une option finale pour l’analogie dans un remaniement de l’article 21. Mais le pro­ blème de l’existence d’un tel concept se posera encore après Hen­ ri, comme en témoigne cette question anonyme de Vat. Latin 4871 qualifiée par une seconde main, en marge, comme la 'quaestio Sco- ti’ et donc nous avons fait l’édition alors que notre ami, R. Prentice, O.FM., en préparait une autre, à l’insu l’un de l’autre87. A vrai dire, le lecteur d’Henri reste insatisfait, car il n’arrive pas à saisir exactement en quoi le concept de Dieu, ou de l’ens simpliciter de saint Augustin est réellement le premier naturelle­ ment connu et que cette connaissance soit réellement le principe de toute autre connaissance. Guibert avait résolu ce même problè­ me par le recours à une information de l’esprit par la lumière éter­ nelle et y produisant une similitude d’elle même. L’explication ulti­ me était en fait la théorie de la connaissance de la vérité créée par la vertu de la lumière incréée qui se manifeste tout d’abord à l’in­ telligence comme objet et manifeste aussi la vérité des autres ob­ jets créés. Henri de Gand a transposé ce problème à la connais­ sance de Dieu comme esse simpliciter, mais n’arrive pas à montrer comment l’idée innée de l’être simpliciter est à l’origine de l’idée commune de l’être dont parle Avicenne, autrement que comme le résultat d’une confusion opérée par l’intellect. 86 . Ibid. 146v Y. 87. C a m ile B é ru b é , O.F.M. Cap., La question sur l’univocité de Vat. Lat. 4871, dans Collectanea franciscana, 41 (1971) 148-171; R o b e r t P. P r e n ­ t i c e , O.F.M., An anonymous question on th e unity o f th e con cep t o f being (attributed to Scotus). Photocopied Manuscript - critical Latin edition - English Translation - Commentary. Edizioni francescane, Roma 1972. 196 pp.

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