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C AM ILL E B IR U E E 133 ve plutôt le contraire de ce qu’en attendait I. Jeiler, parce que la notion de l’être soutenue par lui est plus voisine de celle d’Henri de Gand que de celle de saint Thomas ou celle de Duns Scot et n’a apparemment aucun rapport avec l’être analogue que Bonaventure élimine comme premier connu dans l 'Itinéraire. Nous avions donc, en tenant compte de ces diverses perspec­ tives, écrit un article sur Henri de Gand et Mathieu d’Aquasparta comme interprètes de saint Bonaventure, en laissant ouverte la pos­ sibilité d’une explication des affinités que nous voyons entre saint Bonaventure et Henri de Gand par une commune dépendance vis- à-vis d’une source encore inconnue, quand nous eûmes la bonne fortune de mettre la main sur un texte qui remplit à merveille cette condition, bien que nos deux maîtres en usent selon leur génie per­ sonnel. Il s’agit d’un texte ou, plus exactement, de trois petits cha­ pitres du Rudimentum doctrinae d’un docteur franciscain de Paris qui vécut une trentaine d’année dans la familiarité de Bonaventure et dont les écrits philosophiques et spirituels manifestent une gran­ de affinité intellectuelle avec ceux du Docteur Séraphique. Ce franciscain est Guibert de Tournai, né vers 1200, entré dans l’ordre franciscain vers 1240, après avoir renoncé à sa chaire de théologie à l’universiié de Paris. Il devait reprendre l’enseignement à la chaire franciscaine universitaire de 1259 à 1261, sur les instances de Bonaventure de­ venu ministre général en 1257, mais continuant à résider à Paris10. Ces trois petits chapitres du Rudimentum doctrinae ne con­ tiennent rien d’autre que: a) une démonstration de la nécessité de l’illumination pour la connaissance de la vérité; b) une théorie de Dieu premier ’remarqué’ dans la connaissance du créé et c) une démonstration de l’affirmation que la lumière divine qui fait voir toutes choses est vue elle-même d’abord, alors que la lumière du soleil fait tout voir mais n’est pas vue à proprement parler. Par sur­ croît de chance, en recherchant les sources de ces textes, il est ap­ paru que ce troisième chapitre est, pour les trois quarts, tiré à la lettre du De veritate de Robert Grosseteste. Nous avions du coup en mains deux nouvelles sources tant de 10. B a u d o in d’ Am sterd am , Guibert de Tournai, dans Diction, de Spi­ ritualité, VI. 1139-1146.

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