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CAMILLE EERUBE La question 8 prouve donc que la connaissance du quod quid est Dei est le principe de la connaissance du quod quid est in aliis, contre ceux qui, au nom de la fonction d’information de l’espèce intelligible abstraite du créé, veulent que ce principe soit l’essence de la chose créée Mais, de preuves nouvelles nous n’en trouvons pas d’autres que la répétition, sous toutes les formes, du principe néoplatonicien de la participation aussi bien dans l’ordre de l’être réel que dans celui de l’être cognitionnel. Ces formules se succèdent en s’imbriquant les unes sur les autres comme les divers aspects d’une seule réalité, comme des expressions du même principe: “unumquodque sicut se habet ad esse, et ad cognitionem”. De même que l’être singulier et détermi­ né n’est être que par sa forme, ainsi il ne peut être connu que par sa forme. Personne ne peut connaître la qualité ou la nature d’un bien particulier, si ce n’est en connaissant le bien et l’être simpli- citer, parce qu’il n’a l’être et le bien que par l’être et le bien simpli- citer. Comme tel acte particulier est vis-à-vis de l’être simpliciter, ainsi l’être participé est vis-à-vis de l’être non participé. Comme ce bien et cet être particulier est connu par l’être et le bien simplici­ ter, ainsi l’être et le bien participé ne peut être connu que par l’être et le bien non participé. Comme le bien participé n’a l’être que par le bien non participé, ainsi il ne peut être connu comme participé que par l’être non participé82. Ces formules qui établissent la réciprocité entre l’origine de l’être et l’origine de la connaissance, et qui constituent une dialec­ tique de la participation qui se substitue à la dialectique aristotéli­ cienne, sont confirmées par maints textes de saint Augustin, et en particulier par son recours à l’idée innée du bien premier qui est Dieu pour expliquer que nous pouvons juger qu’un bien est mei­ lleur qu’un autre, tout comme pour prouver que nous ne pouvons rien connaître qu’en vertu de la connaissance innée de la vérité première, ni rien aimer qu’en vertu d’un amour inné du bien pre­ mier Il ne reste donc plus à Henri de Gand qu’à expliquer pourquoi, 81. ibid. f. 145r L. 82. Ibid. f. 145r P. 83. Ibid.: “ Et sic est de cognitione boni et justi, quod non cognos- cimus bonum aut justum nisi in ratione primi boni et justi, sicut est de amore boni, quod sicut non amamus aliquod bonum nisi in ratione pri­ mi bon i; sic nec cogncscimus verum nisi in ratione primi veri” .

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