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1 5 3 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQUASPARTA. peut être connu, si imparfaitement que ce soit, à moins que Dieu lui- même ne soit connu d’abord dans le degré le plus généra!T8. On aura noté comment Henri de Gand passe tout naturelle­ ment de l’affirmation que Dieu est le premier naturellement connu en toute connaissance du créé à cette conséquence que Dieu est principe de toute connaissance du créé comme il en est le princi­ pe dans l’être. Comment, en effet, y aurait-il une priorité naturelle de la connaissance de Dieu en toute connaissance, si Dieu était seulement un objet perçu en même temps que tous les autres, étant donné surtout que l’intelligence ne remarque pas d’ordinaire qu’elle connaît ainsi Dieu, comme Henri le précisera plus loin. Il ne s’agit donc pas d’une priorité d’honneur ou de perfection de l’ob­ jet, mais d’une antériorité de nature, comme principe même de la connaissance- C’est l’objet de la question 8 , mais déjà on nous y introduit en répondant à une difficulté. On objecte, en effect, que la nature divine est connue à partir des créatures. Notre docteur répond que quelque chose peut être connu par autre chose soit formellement, soit seulement maté­ riellement. Formellement, quand cet autre est, en tant que connu, la raison formelle de connaître l’autre; materislls ment, quand l’in­ tellect tire de lui ce par quoi il connaît l’autre. Or, la raison formel­ le de connaître Dieu à partir des créatures ne vient pas des créa­ tures, mais de la connaissance naturellement imprimée dans l’es­ prit, comme, par exemple, la connaissance innée de la bonté pre­ mière. S’il s'agit, par contre, de la connaissance, soit générale, soit plus générale de Dieu, cela relève de la connaissance rationnelle qui est tirée de la créature et appliquée à Dieu par la voie du rai­ sonnement 79. La connaissance naturelle de Dieu est donc, en dernière ana­ lyse, une connaissance qui surgit inmédiatement dans l’esprit à l’oc­ casion de la connaissance privativement indéterminée de l’être, du vrai et du bien, etc., même si cette saisie ne dure que le temps d’un éclair, ou si l’intelligence ne le remarque pas, étant distraite par les nuages de l’imagination, comme Henri le répète une fois de plus après saint Augustin, comme le faisait Guibert de Tournai et saint Bonaventure80. 78. Ibid. 144r H. 79. Ibid. I. 80. Ibid. K.

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