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CAMILLE BERUBE 157 théorie de la connaissance naturelle de Dieu à laquelle il consacre les trois dernières questions de l’article 24. La question 7 établit que la nature de Dieu, le quod quid est Dei, est la première chose que l’homme connaisse, en vertu de ce principe que le premier connu est ce par quoi tout ce qui advient à l’intelligence doit être jugé. Or, selon ce que dit saint Augustin partout où il aborde cette question, on ne peut savoir que quelque chose est juste ou bon, sans la connaissance de ce qui est simple­ ment juste et bon: Ubicumque loquitur de hac materia. Taie au- tem bonum et justum, non est nisi bonum et justum quod est ipse Deus, ut vult ibidem” ™. Pour démontrer que Dieu est le premier connu d’une connais­ sance naturelle et comme l’être négativement indéterminé, Henri s'appuie sur deux assomptions qu’il semble tenir pour immédiate­ ment évidentes, à savoir, que le concept négativement indéterminé est plus général que le concept privativement indéterminé et que c ’est une loi de l’intelligence humaine de concevoir toujours natu­ rellement l’indéterminé avant le déterminé. En conséquence, en saisissant un bien quelconque, l’intellect saisit d’abord en lui le bien négativement indéterminé qui est Dieu. Et cela vaut pour tout ce qui l’on connaît de Dieu à partir du créé7. Ainsi donc, conclut Henri, il faut dire d’une façon absolue que, dans la connaissance la plus générale de la nature de Dieu, quant à ses deux premiers degrés, la nature de Dieu est le premier objet que l’intelligence humaine doit saisir, de sorte qu’elle ne puisse rien connaître dans les créatures et à partir d’elles, à savoir, que quel­ que chose est vrai, bon, beau, être, un, existant comme déterminé par la matière et le suppôt, à moins que, d’une antériorité naturelle, bien que parfois en même temps dans la durée, ne soit connu ce qui est simplement et de façon indéterminée, vrai, bon, beau, être, un, etc., de sorte que Dieu lui-même soit le commencement et la fin de notre connaissance: le commencement quant à la connais­ sance très générale de Dieu; la fin, quant à la claire vision particu­ lière de Dieu, afin qu’il soit le commencement et la fin de toute chose dans l’ordre cognitif, comme il est le commencement et la fin dans l’être naturel. Et comme rien ne peut être connu parfaite­ ment sans que lui même ne soit parfaitement connu, ainsi rien ne 76. Ibid. 143v E. 77. Ibid. 142v V et expliquées déjà à a. 1 q. 4 f. 13r I.

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