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156 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQUASPARTA. termination à l’article 21 et y affirme énergiquement qu’M n’y a pas qu’un seul concept de l’être, mais deux concepts selon lesquels on conçoit l’ens simpüciter . Ce sont les concepts de Dieu et du créé. Ils n’ont en commun que le nom: ex parte vocis, par lequel on les exprime, et dont le sens est toujours multiple et ne se réduit jamais l’un à l’autre71. En ayant en vue cette dualité du concept de l’être, Avicenne— si toutefois il a bien compris— a dit que la saisie de l’être est antérieure à celle de Dieu ou de la créature. Mais selon saint Au­ gustin, seul le concept de l’être divin mérite le nom d’esse simpliciter ou d’ipsum esse72. Mais comme il est de la nature de notre intellect de ne pouvoir distinguer ce qui est divers mais voisin, il conçoit l’esse simpliciter et l’esse indeterminatum privative, comme si c’était la même chose. Il y a donc erreur dans le concept73. Ce double concept de l’être est le résultat d’une double abs­ traction. La première abstrait l’universel comme quelque chose de commun en plusieurs, comme dans l’abstraction du bien en géné­ ral à partir de tel ou tel bien particulier. La seconde abstrait la for­ me de toute matière, la considérant comme subsistant en soi. En ver­ tu de la première abstraction on connaît la forme comme partici­ pée par la créature, et en vertu de la seconde, on connaît la forme comme existant de façon imparticipable dans le Créateur71. Henri ajoute que le bien pris communément se dit analogique­ ment du créateur et de la créature. Il n’en donne ici aucune expli­ cation, mais distingue trois connaissances de Dieu: l’une, généra­ le, la deuxième, plus générale et la troisième, très générale. Cette dernière est seule en cause dans la théorie de Dieu, premier con­ nu, car les deux autres relèvent de la connaissance rationnelle, où Dieu est connu à partir du créé et par voie de raisonnement75. Il est ici question seulement de la connaissance naturelle de Dieu selon le mode très général, et encore seulement selon les deux degrés les plus imparfaits de cette connaissance, car Henri, à la suite de saint Augustin, y distingue encore trois degrés. Mais ne nous attardons pas à ces distinctions et sous-distinctions où se complaît la subtilité de notre docteur, pour aller à l’essentiel de la 71. H e n r y o f G h e n t, Summa... a. 21 q. f. 124v O 72. Ibid. 124v P-125r R. 73. Ibid. S. 74. Ibid. a. 24 q. 6 f. 142v. S. 75. Ibid. V.

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