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CAMILLE EERUEE 155 d’un parallèle entre la communauté du concept de l’être et la pri­ mauté en causalité de l’être premier67. Mas cette preuve a priori de l’existence de Dieu ne nous inté­ resse ici que parce qu’elle pose la base de la thèse de la priorité de la conaissance de l’essence divine à laquelle la Somme consa­ cre l’article 24, qq. 6-9. A notre avis, ces textes, comme d’ailleurs les textes parallèles de Guibert de Tournai, constituent la pointe la plus avancée des textes de Xllle siècle dans le sens le l’ontologis- me. On peut se demander si Henri de Gand est jamais parvenu, mal­ gré tout l’effort dialectique qu’il y déploie, à une solution qui le satisfasse lui-même. Et peut-être avons-nous là la raison de cette disparition de la thèse de l’illumination dans les Quodlibets d’Hen­ ri de Gand dont parle Jean Paulus, faisant observer que, sur le point de la connaissance de l’être, la pensée du maître gantois est ondoyante, indécise68. José Gômez Caffarena, S. J., est d’avis que l’ari'cle 21 a été remanié vers 1286®. Ce qui expliquerait cet­ te divergence sur l’existence même d’un concept de l’être com­ mun à Dieu et au créé, comme nous le constaterons plus loin. Peut- être aussi cette ambigüité d’Henri est-elle la preuve expérimentale de l’impossibilité d’une synthèse cohérente des noétiques d’Avi- cenne et de saint Augustin, ou, comme le pense Anton C. Pegis, entre la noétique de saint Augustin et celle d'Aristote70. Ne faut-il pas opter pour l’un ou pour l’autre? Pour Avicenne avec Duns Scot, ou pour Augustin avec Bonaventure? Henri tente de les mettre d’ac­ cord en donnant raison à Avicenne dans l’ordre de la connais­ sance rationnelle et consciente, et à saint Augustin dans l’ordre de la connaissance naturelle, innée et inconsciente. Il dédouble à cet effet le concept de l’être en deux concepts: celui de l’être négati­ vement, indéterminé, concept qui répugné à toute détermination et qui convient à Dieu, et le concept privativement indéterminé, mais déterminable par les concepts ultérieurs, qui convient au créé et est le concept donc parle Avicenne. Henri de Gand introduit une première fois cette double indé­ 67. A le x a n d r i d e H a le s Summa theologica, II n. 2 p. 3. Quaracehi 1928. 68 . J e a n P a u lu s, Henri de Gand. Essai sur les tendances de sa m é­ taphysique. Paris 1938. p. 5, 52-66. 69. J o s é G óm e z C a ffa r e n a , S.J. Ser participado y ser subsistente en la metafísica de Enrique de Gante, Roma 1958. Apéndice 1.° p. 263-270. 70. Cf. les études de A nton J. P egis cités à la note 56, sp. le dernier.

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