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1 5 4 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQUASPARTA. selon la vérité, dit-il, les concepts sont d’autant plus antérieures qu’ils sont plus simples; “ quanto suni simpliciores, tanto sunt prio- res”. C’est pourquoi la bonté et autres choses semblables s’impri­ ment immédiatement dans l’âme d'une impression première qui n’est acquise par aucune autre plus connue. Selon saint Augustin, en intel- ligeant l’être de tout être, le bien simpliciter de tout bien, on intel- lige Dieu ®. Comment cela se fait-il, nous le verrons tout à l’heure. Henri termine cet art'cle en établissant qu’il n’est pas possible de penser l’existence de quelque chose que ce soit sans penser en même temps: cointelligendo que Dieu existe, au moins d’une façon géné­ rale et confuse64. Quelques lignes plus bas, il tient que nous ne pou­ vons saisir la nature d’une créature, sans saisir d’abord: primo in- telligendo la nature de Dieu et par elle, la nature d’une chose créée65. Plus encore, s’il s’agit d’une connaissance générale, cette priorité de la connaissance de Dieu vaut aussi bien pour la connais­ sance de l’existence du créé, bien que l’intelligence ne le remar­ que pas, comme Henri promet de le démontrer plus ta rd6. C’est en effet cette connaissance préalable de l’essence de Dieu qui cons­ titue sa doctrine de Dieu premier connu. Il est intéressant de noter qu’Henri de Gand n’est pas le pre­ mier à rapprocher les textes de saint Augustin sur la primauté de la connaissance de Dieu et le texte fameux d’Avicenne, puisque nous pouvons voir ce rapprochement opéré en deux arguments ad op- positum dans la Somme Théologique d’Alexandre de Halés. Avicen- ne est pris pour Aristote, mais le texte est net, avec l’établissement 63. Ibid.: 134v D : “ Et it a cum secundum Avicennam et secundum rei veritatem conceptus quanto sunt simpliciores, tanto sunt p iicres; et :'<?.ea m um . res et taiia statim im p ) imuntur in anima prima imgressiore quae non acquiritur ex aliis notioribus. Et secundum Augustinum, intelli- f end.o ens cmnis entis, et borum simpliciter ornnis boni, intelliîitur Deus Ideo ex talibus conceptibus proposltionum univevsalium continuât secundum Avicennam et Augustinum intelligere et scire Deum esse, non ex via proDPsitionum universaiium” . 6 ’, Ibid. 135v L. 65. Ibid.: “ Et similiter qui intelligit esse huius necessario eadem ra- ticne in generali cointelligit esse Dei, et non solum cointelli?it, sed nrimo intelligit id quod est Dei, et per illud quod est creaturae, ut infra deter- m inabitur: ita quod primi conceptus simpliciter ab intellectu in primis conceptibilibus sunt de illis quae Dei sunt, ut entis, boni, veri et huius- modi” . 66. Ibid. f. 135v M.

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