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152 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQUASPARTA. lement que Henri de Gand y voie une preuve purement philosophi­ que, pas plus d’ailleurs que dans cette doctrine de la priorité de la connaissance de l’essence de Dieu. Il ne présente pas cette preuve d’Avicenne comme une preuve philosophique, ni ne prétend qu’Avi- cenne ait pensé parler en pur philosophe57. Pour Henri toute cette question est au niveau de la théologie, ou de la connaissance sapientielle, comme elle l’est d’ailleurs chez Guibert, qui attribue la connaissance de toute vérité à la grâce et, donc, à l’ordre de la sagesse et du salut. Il estime d’a'lleurs que cette voie est fréquemment plus évidente aux hommes spirituels que la voie de la raison naturelle, parce que par la foi, les vérités de foi deviennent intelligibles et l’esprit les perçoit avec beaucop plus d’evidence à partir des vérités premières de la foi que le philosophe n’y arrive par les principes spéculatifs, dans les choses naturelles. Le croyant connaît l’ordre du monde de façon plus certaine et plus claire en descendant des vérités premières révélées qu’en remon­ tant aux vérités supérieures à partir de l’expérience et des sens. La philosophie part des créatures pour arriver au Créateur, mais la théo­ logie part du Créateur pour arriver à la connaissance des créatures et les réduire ensuite au Créateur. Comme le philosophe doit réduire toute sa science à la vérité ultime, qui est celle des choses sensibles connues par les sens, et dans les premiers principes reçus par la voie de l’expérience sensible, ainsi le théologien doit réduire ult'me- ment toute sa science à la vérité première qui est celle du premier intelligible saisi par l’intelligence, et aux premiers principes de la vérité première connue par la f o i58. Ce n’est point le lieu d’insister sur cet fait fondamental pour com­ prendre le sens profond de la pensée d’Henri de Gand qui se pro­ pose, en somme, de montrer comment toutes les connaissances hu­ maines restent toujours pour le théologien une connaissance qui procède d’une première connaissance de Dieu mise par Dieu au coeur de l’intelligence en créant l’homme à son image. Et dans ce sens, la thèse d’Henri de Gand, comme l 'Itinéraire bonaventurien, est une contemplation de Dieu dans l’activité de l’intelligence. La preuve d’Henri de Gand n’est donc pas une pure preuve à priori à partir de notions censées acquises par l’expérience, mais à partir de notions innées qu’il qualifie de connaissance naturelle, 57. H e n r y o f G h e n t , Summa... a. 22 p. 5 f 134r B. 58. Ibid. f. 135r FG.

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