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150 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQ ü ASPARIA. présence et en reluisant en elle, plus qu’en y inhérant. De ces deux espèces résulte un seul principe de connaître la chose dont elles sont l’exemplaire, pour que l’esprit conçoive la vérité parfaite et soit parfaitement assimilé à la vérité qui est dans la chose. De cet­ te façon, la vérité première qui s’est imprimée elle-même dans la chose en lui donnant l’être, s’imprime aussi dans l’esprit qui la con­ na îtE2. Il y a donc deux exemplaires: l'un temporel, matériel incom­ plet, reçu de la chose et qui est une ressemblance imparfaite de la vér té; l’autre, qui est éternel, quelque chose de formel et de com­ plet, qui donne à l’esprit le complément et l’information parfaite, pour qu’il soit une similitude expresse de la chose extérieure53. En conclusion, Henri de Gand fait une remarque très éclairan­ te sur l’originalité de sa propre explication de l’ Ilumination. Ceux- là, dit-il, se trompent, qui affirment que les principes et les règles des intelligibles sont des impressions des règles de la vérité éter­ nelle et qui n’affirment pas en même temps qu’il y a une informa­ tion des concepts par la lum'ère éternelle autre que par l’espèce reçue de la chose par le moyen de la lumière naturelle. A moins, en effet, que nos concepts ne soient informés par la lumière éternelle, ils demeurent informes et ne contiennent pas la vérité absolue. A plus forte raison disent-ils mal ceux qui pensent que, selon saint Augustin, l’on voit dans la lumière éternelle les choses que l’on voit dans les principes, sans cependant que ceux-ci soient imprimés dans l’esprit par la lumière éternelle“ . De cet exposé il résulte qu’Henri de Gand, après avoir protes­ té contre le scepticisme fidéiste de Guibert, le réintroduit subrepti­ cement en faisant de l’illum'nation une faveur que Dieu accorde aux uns et refuse aux autres et qui n’est pas susceptible d’être na­ turellement connue. Il emprunte à la doctrine de Dieu, premier connu, de Guibert cette information de l’âme par la lumière divine, mais pour en faire un médium de connaissance qui n’est pas connu en lui-même, alors que Guibert y voyait le principe de la priorité de la connaissance de Dieu comme lumière de l’esprit. Il reprend de même le parallèle de la vision oculaire et de la vision intellectuelle, mais pour prouver que la lumière qui illumine l’esprit dans la con­ naissance de la vérité n’est po:nt vue elle-même. Il y met cependant 52. Ibid. lOr G. 53 . ma. îov g . 54. Ibid.

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