PS_NyG_1974v021n001p0131_0172

1 4 8 HENRI DE GAND ET MATHIEU D- AQUASPARTA. faire par aucum exemplaire reçu de la chose, il faut que cela soit par l’exemplaire de la vérité immuable. Il faut donc que la vérité incréée s’imprime dans notre concept et le transforme selon son propre caractère et qu’ainsi elle informe notre âme, par la vérité expresse de la chose, de cette ressemblance que la chose a auprès de la vérité première. Tout autre information est imparfaite et ne peut fonder un jugement vrai 13. En conclusion, Henri tient qu’il n’est pas donné à l’âme d’at­ teindre par ses forces naturelles seules les ’règles’ de la vérité éternelle et d’y voir la vérité des choses, car Dieu s’offre à qui il veut et les 'règles éternelles’ ne se présentent donc pas à l’intelli­ gence par une nécessité naturelle, comme la lumière du soleil, mais Dieu les communique à qui il veut, pécheurs ou justes4. La question 3 explique que la lumière divine qui illumine l’in­ telligence se comporte seulement comme un principe d’intellection et non comme un objet de vision. Elle fait voir les autres objets, mais nest pas vue en elle-même, ni simplement, ni distinctement: nec simpliciter, nec distincte 45. Ces derniers mots évidemment la clé de la doctrine d’Henri de Gand et ils sont l’équivalent des ex­ pressions par lesquelles saint Bonaventure limite cette atteinte des raisons étemelles en disant qu’elle n’est ni claire, ni n’est la seule raison de connaître. Mais l’explication henricienne va tout à la fois au-lelà de celle du Docteur Séraphique, parce qu’elle apporte des précisions absentes du texte de celui-ci, et reste en-deça, parce qu’elle restreint l’action de la lumière éternelle à une information des concepts. Celle ’contuition’ des règles éternelles en elles-mê- me qu’affirme Bonaventure 46 se réduit, chez Henri, à une influence de cette lumière par les effets qu’elle produit dans l’âme. A cette non-vision de Dieu, il y a deux raisons: l’une de la part de la lumière, l’autre de la part du mode d'illumination. La lumière divine, en effet, n’est pas une raison de connaître la vérité dans les autres sous la raison d’un attribut général, selon un mode que le maître gantois exposera plus loin au sujet de la connaissance de Dieu, mais sous la raison même de la substance divine. Or cette vision est une faveur que Dieu n’accorde généralement pas en cet­ 43. ibid. 7r L. 44. Ibid. 8r M. 45. Ibid. 8v A. 46. S. B o n a v e n tu r a e De scientia Christi q. 4, V 23.

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz