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CAMILLE BERUEE 1 4 7 bie à l’homme par ses seules forces naturelles, sans une illumina­ tion spéciale de Dieu M. Selon saint Augustin, la vérité est la conformité de la chose à un exemplaire absolument vrai. Platon enseigne qu’il y a deux exem­ plaires: l’un qui est fait et fabriqué; l’autre qui est perpétue! et im­ muable. Le premier, c’est l’espèce universelle de la chose dans l’âme; l’autre, c’est l’ars divina, selon laquelle Dieu fait les choses. Augustin explique que, par le premier exemplaire, on n’arrive qu’à une vague estimation de la nature des choses. C’est en ce sens qu’Aristote parle de la connaissance de la vérité acquise par les for­ ces naturelles, au sujet des choses naturelles et muables ,0. Mais on n’acquiert pas par là une connaissance tout à fait cer­ taine et infaillible, car on a toujours affaire à du muable reçu dans un intellect muable. Et l’histoire enseigne que les erreurs sur les moeurs, la nature des choses, la recherche de la vérité, ont duré jusqu’aux temps des Chrétiens. Ce qui donne à comprendre que les phi losophes platoniciens eux-mêmes, en changeant quelques points de leur doctrine qui s’opposent à la foi chrétienne, doivent courber la tête devant le Christ-Roi. Augustin a suivi cette doctrine de Platon et l’a expliqué dans tous ses livres et Henri de Gand dé­ clare vouloir la suivre lui aussi: “quam et cum ipso teneamus Il n’y a donc pas la connaissance de la vérité absolue sans se rapporter à l’exemplaire de la lumière et de la vérité incréée. D’où il suit que ceux-là seuls peuvent reconnaître la vérité certaine qui peuvent la regarder dans cet exemplaire. Ce que tous ne peuvent pas, selon saint Augustin. Pour qu’une conception de la chose ex­ térieure soit vrai par la vérité absolue, il faut que l’âme, entant qu'in­ formée par elle, soit semblable à la vérité de la chose qui est en dehors d’elle, parce que la vérité, c’est l’adéquation de la chose et de l’inte llect42. Comme le dit saint Augustin, dans le De libero arbi- trio, l’âme est en elle-même muable de la vérité à l’erreur et ainsi, en autant qu’il est en elle, n’est informée de la vérité de rien. Com­ me aucune chose formable ne peut se former elle-même, parce elle ne peut se donner ce qu’elle n’a pas, il faut qu’elle soit informée de la vérité absolue par quelqu’autre. Comme cela ne peut se faire 39. Ibid 4v-5r D. 40. Ibid 5v E. - 6r I. 41. Ibid. 6v K. 42. Ibid.

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