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146 HENRI DE GAND ET MATHIEU D’ AQUASPARTA. des études plus circonstanciées ou quelque document exhumé de la poussière des archives viennent les infirmer ou les confirmer, ce ne sont là que des conjectures- Chez Henri comme chez Guibert, la théorie de l’illumination est traitée sans être reliée expressément à celle de la priorité de la connaissance de Dieu, du moins dans la présentation extérieu­ re, car nous en constaterons le lien intrinsèque. Pour ne pas rom­ pre l’exposé d’une pensée ondoyante et subtile, nous éviterons de nous référer trop longuement à Guibert, nous réservant de le faire sous forme de conclusion . A. Certitude et illumination Henri de Gand énonce les principes fondamentaux de sa théo­ rie de la conaissance à l’article I de sa Somme: Il revindique d’abord pour l’intellect humain la capacité de connaître quelque cho­ se par ses forces naturelles, contre ceux qui, à partir de la néces­ sité d’une illumination surnaturelle pour la connaissance de certai­ nes vérités, étendent cette nécessité à toute conaissance et in­ terprètent en ce sens l’enseignement de saint Augustin. C’est là faire injure tout à la fois à la dignité de la nature humaine et à la sagesse du créateur37. Ceci admis, Henri, avec Augustin, distingue entre connaître le vrai et connaître la vérité de quelque chose. Connaître quelque chose est une opération spontanée de l’intellect. La première pro­ priété des choses, c’est d’être. De même, la première chose que l’intellect en perçoit, c’est la raison d’être, laquelle n’inclut rien d'autre que l’être, mais est incluse en toute autre raison. Les raisons les plus voisines de la raison d’être sont les raisons universelles dunité, de vérité et de bonté, en raison de lindivision de l’être, de son exemplarité de de sa fin ®. La vérité dit donc relation à un exemplaire. On ne peut donc la connaître sans connaître aussi l’exemplaire. Mais cela ne se fait pas dans la simple appréhension, comme c’est le cas de l’être, mais dans le jugement qui est l’opération parfaite de l’esprit. La question précise est donc de savoir si ce jugement vrai est possi- 37. H e n r y o f G h e n t, Suvima quaestionum ordinariarum (Reprint of the 1520 edition), St. Bonaventure, N.Y., 1953, a. 1 q. 2 f. 4r. B. 38. Ibid. 4v B.

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