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CAM ILLE BERUBE 1 4 3 verain Bien; le jugement, qu’elle tire sa certitude d’une loi qui lui est supérieure; le désir, que la volonté est mue par le souverain Bien lui-même, dont l’emprise est d’ailleurs telle que rien ne peut être désiré qu’en vertu du désir de Dieu31. Enfin, le chapitre V, n.3-4, établit que l'acte pur qui est Dieu et non quelque être particulier ou le concept analogue d’être qui n’a pas réalité hors de l'esprit, s’offre le premier à l’intelligence, bien qu’elle ne s’en rende pas compte, absorbée qu’elle est par la consi­ dération des êtres particuliers ou universels32. En comparant ces textes de l 'Itinéraire et ceux de Guibert de Tournai, spécialement les passages relatifs à la connaissance de Vêtre pur, de l’acte pur et à l’aveuglement de l’intelligence qui ne considère point ce qui se présente le premier à elle et qu’elle voit le premier, la comparaison de la vision sensible avec la vision de l’inte­ lligence, l’affirmation que l’objet qui se présente le premier à l’intelli­ gence est aussi celui qui fait voir ou manifeste tout le reste, on ne peut imaginer que ce parallélisme soit l’effet du hasard, ou simple­ ment fortuit, et se refuser à penser que Bonaventure ait eu sous les yeux le texte de Guibert. On incline à penser que c ’est le caractère très objectiviste et visuel de ce texte de Guibert, comme de celui de R. Grosseteste qu’il convoie, tout comme le caractère sapientiel et contemplatif tant du Rudimentum doctrinae que de l ’Itinéraire, et l’omniprésen­ ce de la métaphysique de la lumière dans la description des opéra­ tions de l’intelligence comme autant de visions de la lumière créée et de la lumière incréée, qui eut incité Bonaventure à user si large­ ment des termes de présence et de vision d’un objet, alors qu’il s’agie la plupart du temps de laborieuses déductions pour établir une relation à Dieu qui échappe au regard spontané de l’intelligen­ ce et n’apparait qu’au terme d’une série d’élévations sapientielles. Ce style enchante les lecteurs sensibles à la poésie, à la puis­ sance d’évocation du texte, mais est une source de questions pour qui le lit en philosophe, surtout s’il n’a pas le goût de la métaphore à jet continu. Mais si le lecteur lit l 'Itinéraire selon la méthode lit­ térale suivant laquelle Guibert lisait lui-même les textes de saint Augustin, d’Isaac de l’Etoile et d’Alcher de Clairvaux; s’il voit au­ tant de théories philosophiques dans le recours au parallélisme 31. S . B o n a v e n tu r a , Itinerarium mentis in Deum, c. III n. 2-4. Qua- racch i 1891, t. V 303-305. 32. Ibid. c. V n. 3-4, p. 308-309

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