PS_NyG_1974v021n001p0131_0172

1 4 0 H E N R I DE G AN D ET MATHIEU D’ AQ UASPARTA. mais nous pouvons la lire dans la Somme théologique d’Alexandre de Halès, en réponse à cette même objection résolue ici par Gui- bert, que, puisque la lumière naturelle n’est pas vue, ainsi la lumiè­ re divine, qui fait tout voir, n’est pas vue elle-même. Alexandre ré­ pond, en effet, que c’est bien la lumière divine qui cause la vision, mais qu’elle n’est pas vue en elle-même, parce qu’elle est transmi­ se par le miroir de la création2'. C’est dire que la Somme théologique, aussi bien que R. Gros- seteste et Guibert, donne au créé une certaine fonction de trans­ mission instrumentale de la lumière divine jusqu’à l’esprit humain. Agissant en vertu de la lumière divine, c’est la lumière divine que le reflet créé fait voir en tout premier lieu, et tout le reste en elle. Si, au contraire, ce reflet se faisait connaître lui-même le premier dans sa pure réalité et nature d’être imparfait, c’est lui qui serait le pre­ mier connu, et Dieu serait connu par lui. Resterait à choisir entre attribuer cette primauté à l’être particulier en tant que tel, ou l’at­ tribuer à l’être commun, abtrait. Nous savons d’ailleurs que cette dernière solution a été éliminée déjà par Guibert dans le deuxiè­ me texte que nous avons analysé, puisqu’on y lit qu’il est inutile de recourir à l’être analogue, pour juger de l’être imparfait, parce qu’il n’a qu’un être vain et déficient dans l’espritffl. Cette alternative restera au centre du débat sur l’illumination et la connaissance de Dieu jusqu’à Jean Duns Scot. Il s’agira toujours en fait de chosir entre Dieu ou l’être commun comme l’objet premier de l’intelligen­ ce. II. Illumination et connaissance de Dieu chez Saint Bonaventure Comme nous avons présenté récemment la doctrine de l’illu­ mination chez saint Bonaventure en y montrant un développement allant de la théologie de l’homme, image de Dieu, à une philoso­ phie de Dieu, objet premier de l’intelligence, nous résumerons ici les positions propres aux textes fondamentaux. Le De scientia Christi, q. 4, contient l’option fondamentale de 24. A le x a n d r i de H a le s Summa theologica, t. I. n. 20 p. 30 ad I. 25. G u ib e r tu s T o r n a c e n s is , l. c . trat. Ill, c. II n.2: “ Non enim p o- teras iudicare illud esse verius illo, cum utrumque deficiat In essendo, n i­ si per ens quod est sine defectu essendi... Nec est illud ens ad quod re- curris ens analogum, quia, cum tale sit in sola intentione, minus habet de esse quam lux vel aurum. Non igitur de entibus certe iudicabit anima per illud ens deficiens et vanum” .

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz