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— 10 — Cependant la mére basque ne parle pas toujours á son poupon de choses matérielles. Souvent la contemplation de cette petite téte auréolée d'innocence, de ces joues roses comme les cerises qui pendent en face de la maison, évoque un souvenir d'amour ou de tristesse. Tandis que son mari et ses fils sont au loin et travaillent á la moisson, elle est seule a la maison, et elle sent monter á ses lévres une strophe qui contient un souvenir triste de sa vie, souvenir qu'elle ne peut extérioriser qwWen VPen- veloppant de musique, elle le condense dans un quatrain avec la force et la concision qui sent la caractéristique incontestée du génie populaire. Le bel aulne grandit prés du ruisseau, Trois roses le mois de Mai. Celui qui n'a pas connu l'amour, Ne sait pas ce qu'est la douleur. Ou bien : Le petit enfant pleure... Toi sa mére, allaite-le. Son pere est á Pauberge, Coquin, joueur, malheureux. Son ecur lui fait chanter: Dans la mer, la grande mer, il y a du brouillard Jusqwá la barre de Bayonne. Je t'aime, moi, plus que les oiseaux leurs petits. Cel amour maternel arrive quelquefois á une expres- sion si raffinée que le mot long, la phrase ample sont pour lui une entrave qui Pempéche de prendre son vol. Alors il bégaye et ne sait dire á son enfant qw'un seul mot «chéri »... mot chanté, servi en miettes comme la pátée qui va Paider á grandir. L'amour a été toujours le grand inspiraleur des poétes, comme il a été pour Dieu la cause qui a provoqué la création du monde. L'amour de la

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