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allaite son enfant, puis l'endort. Aprés lui avoir communi- qué de nouvelles forces, elle le prend dans ses bras. Papproche de son sein, puis murmure A son oreille des chansons, ces chansons du berceau que Pon ne peut chanter que dans le langage maternel, le langage qui affleure sur les lévres aux moments les plus doux de la vie: ceux de la priére et de l'amour. Les besoins urgents du ménage basque ont réclamé la présence de la maman qui a laissé lá son bébé endormi. Celui-ci s'éveille et ne sentant seul commence á pleurer La maman accourt. Pour Vapaiser, le rassurer, croyez- vous qu'elle va lui tenir des discours et le raisonner lon- guement en lui parlant de la nécessité et des avantages du repos et du sommeil ? Certes non. Bien au contraire. elle le prend dans ses bras, le serre contre son coeur el fredonne une de ces vieilles chansons qwelle a apprise de sa grand'mére, quand elle était elle-méme enfant... Elle ne raisonne pas. Elle chante: «L'amour, a dit de Maistre, chante ; la raison parle ». La mére va donc chanter. Mais va-t-elle le faire: trés fort, á grands cris, en rythmes vifs et seandés ? Encore non: elle murmure une mélodie douce, quelque chose d'estompé, aux profils voilés. Quelquefois cette musique passe pour ainsi dire du concret á Vabstrait : elle aban- donne le manteau des paroles et plane dans les régions de Pindéfini sur les ailes d'un murmure doux, infini- ment doux, dans un pianissimo qui pourrait marquer la limite de deux mondes distinets: le monde matériel, et le monde immatériel. De lá provient le double aspect de la berceuse : 'un que Pon pourrait appeler objectif et VPautre subjectif. Le premier nous montrerait l'amour maternel, le second Pobjet, le but poursuivi. Le cóté subjectil nous représente une mére faisant déborder le trop plein de son coeur dans de magnifiques strophes pleines de lyrisme ; le cóté objectif, par contre,
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