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158 ESPRIT ET VIE 2-III-78 ' grante de la fonction. Quant aux ecclesiae, elles étaient dédiées sans transfert de reliques ; mais du fait de la pression exercée par la piété popu– laire, il n'y eût bientôt plus de dédicace sans déposition de reliques ; on voulut en mettre en toute église nouvellement construite et même en des églises qui, à l'origine, en étaient dépourvues. Finalement au vue siècle, la dédicace des lieux de culte devint uniforme : la déposition des reliques fut perçue comme un élément essentiel de toute dédicace d'autel (8). La consécration par seule célébration de !'Eucha– ristie est sans doute spécifiquement romaine ; les autres Eglises d'Orient et d'Occident semblent avoir possédé un rituel d'appropriation du lieu à la célébration de !'Eucharistie ; l'Espagne avait l'aspersion d'eau bénite ; les Gaules l'onction et la bénédiction. Le schéma d'évolution du rite se présente donc de la manière suivante : tout d'abord on a conçu une cérémonie de dédicace ou consécration de l'au– tel en vue de la célébration de la Messe ; puis adaptation fut faite de ce rituel en l'honneur des saints : l'autel était consacré pour !'Eucharistie, mais aussi pour recevoir les reliques des saints. Enfin, et c'est la conception qui prévaut au VII 0 siècle, la consécration de l'autel se fait par l'in– troduction de reliques, et la déposition devient partie intégrante de la dédicace. Analyse du nouvel « Ordo » Le nouvel Ordo de 1977, né à une époque de l'histoire de l'Eglise où le culte est moins ardent et où l'on se montre plus soucieux de l'authenti– cité du geste que de la présence purement maté– rielle de reliques, fussent-elles infiniment peti-. tes, innove par rapport à la pratique antérieure. Désormais les reliques ne seront plus placées dans l'autel, mais sous l'autel, conformément à l'imagerie de !'Apocalypse ; le sens du rite est toujours , ainsi que cela apparaissait dans l'an– cienne fête des saintes reliques, de signifier que le sacrifice des membres prend son origine dans le sacrifice du Christ, tête et chef de l'Eglise. Mais les reliques doivent être suffisamment importantes pour que l'on voie bien qu'il s'agit réellement de parties d'un corps humain ; il faut éviter d'utiliser des fragments trop minimes, comme cela se pra– tiquait couramment jusqu'à maintenant. En outre on sera très attentif à leur authenticité non seule– ment juridique (la présence d'un authentique), mais réelle. (8) S. Benz, Zur Geschichte der rom. Kirchweihe nach den Texten des 7. bis 9. Jahr., dans Enkainia, Maria-Laach, Dusseldorf, 1956, p. 62-110 ; J. des Graviers, La dédicace des lieux de culte aux V• et VI' siècles, dans L'Année Canonique, t. VII, 1962, p. 107-125. On consultera toujours avec profit L. Duchesne, Origines du culte chrétien, 5' éd., Paris, 1920, pp. 420-439. Parmi les études plus récentes, il faut citer A. Chavasse, Le Sacramentaire gélasien, Vatic. Regi– nensis 316, Paris, 1957 (chap. 3, Le rituel de la Dédicace, p. 36-49) ; le cahier 70 de La Maison-Dieu tout entier ; R. Coquin, La consécration des églises dans le rite copte et ses relations avec les rites syrien et bnantin, dans Or. Syr., t . 9, 1964, p. 149- 188 ; R. Miguel et S. Gros, El Ordo romano-hispa– nico de Narbona para la consegracion de iglesias, dans Hispania sacra, t. 19, 1966, p. 321-402. • Si l'on ne possède pas de reliques certaines de martyrs on utilisera des reliques d'autres saints . si l'on ~•a pas de reliques suffisamment apparen'. tes, on omettra purement et simplement cette Par. tie de la fonction ; mieux vaut dédier un autel sans y placer de reliques que d'y déposer des re. liques douteuses ou trop petites : telle est la le. çon du nouvel Ordo. Par le fait que les reliques sont déposées sous l'autel et non plus dans la table, la bénédiction des autels portatifs ne comporte plus le rite de déposition. Autre innovation enfin. Jusqu'à ce jour, le rituel de la dédicace était une fonction épiscopale ; il y avait quelques exceptions : les Abbés pouvaient consacrer des autels pour leurs monastères ; moyennant un indult, ils recevaient exceptionnel– lement pouvoir de procéder à la consécration d'une église. Dans le nouvel Ordo le rite de la dédicace d'une église reste normalement réservé à l'évêque. Mais s'il est empêché, il peut non seulement confier le soin de célébrer la dédicace à un autre évêque (auxiliaire, coadjuteur ou évêque étranger au dio– cèse), mais également à un prêtre choisi parmi ceux qui le secondent dans la charge pastorale du diocèse ou de la communauté pour laquelle a été construite la nouvelle église. De même pour la dédicace d'un autel. Pour la bénédiction d'une église ou d'un autel, la fonction est accomplie par l'évêque ou par un prêtre délégué. La délégation est octroyée plus fa. cilement ; pour la dédicace en effet cela ne se fait que dans des circonstances tout à fait particuliè– res , « in adjunctis omnino peculiaribus », et l'é– vêque doit alors donner au prêtre désigné un « mandatum speciale ». Quant à la bénédiction d'un calice et d'une pa– tène, tout prêtre et habilité à la donner. Espé– rons que ce ne sera pas une porte ouverte à de nouveaux abus, car le prêtre n'est pas lui-même juge de la qualité des matières qu'il convient d'u– tiliser pour leur confection, cela est réservé aux Conférences épiscopales (Présentation générale du Missel, art. 290). Si le ministre ordinaire de la Dédicace est l'é– vêque, c'est en raison du lien très étroit qui exis– te entre le rite et le mystère de l'Eglise. Une dé– dicace est une célébration de l'Eglise dont l'évê– que est pasteur et chef et père. Rite de la pose de la première pierre. Il reste à décrire brièvement le rituel rénové dans ses différentes sections, et tout d'abord le rite de pose de la première pierre ou d'inaugura– tion du chantier d'une église ou d'une ·chapelle. Le but est d'obtenir la bénédiction de Dieu pour un heureux achèvement de l'entreprise, et de mon– trer en même temps aux fidèles que l'église à construire doit être le signe visible de l'Eglise vi– vante qu'ils constituent eux-mêmes. Le rituel comporte quatre parties : une proces– sion jusqu'à l'emplacement de la nouvelle église (ou une station sur le lieu), un Office des lectu– res, la bénédiction et l'aspersion de l'aire sur la·
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