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9-III-78 DOCTRINE 175 LE •NOUVEAU RITUEL DE LA DEDICACE DES EGLISES (Suite - Voir n° du 2 mars 78) Dédicace d'un autel Il n'y a pas de dédicace d'une église sans dédi– cace d'un autel ; l'inverse n'est pas vrai. Les longs praenotanda du chapitre 4 donnent un enseigne– ment sur la nature et la dignité de l'autel chrétien. Le seul véritable autel est le Christ ; par parti– cipation aux privilèges de son Chef, tête du Corps mystique, le chrétien devient lui aussi un autel spirituel d'où monte vers Dieu un vivant sacrifice. L'autel de l'église chrétienne est à la fois la table du sacrifice et celle du repas pascal. L'autel est le lieu sur lequel le sacrifice est offert et la table sur laquelle est consommé le repas sacri– ficiel : a/tare et mensa. De l'unité du sacrifice, saint Ignace d'Antioche concluait à l'unicité de l'autel. La nouvelle législation tend à y revenir, sans préjudice pour l'autel qu'on élèvera dans une chapelle séparée de la nef principale, dans le lieu de la réserve qui sera également celui des assem– blées de semaine. Il serait cependant absurde de supprimer les autels secondaires qui font corps avec la structure même de l'édifice dans les an– ciennes églises (pensons aux absidioles) ; le recours aux textes législatifs et la volonté de les appliquer loyalement ne dispensent jamais du bon sens. L'auteur de l'Epître aux Hébreux a assimilé la croix du Christ à un autel ; « Nous possédons un autel dont les desservants de la tente n'ont pas le droit de se nourrir » (Heb. 13, 10) ; l'identifi– cation de l'autel à la Croix est devenue une tra– dition dans l'Eglise ; c'est pour montrer ce lien que de nombreux autels anciens portaient la croix gravée ou incrustée sur le devant de la base. Plus communément, l'autel est identifié au Christ ; toute la valeur de l'autel chrétien lui vient de l'offrande qu'il porte. Dans l'ancienne alliance l'aùtel sanctifiait la victime ; dans la nouvelle, l'offrande unique déposée sur l'autel consacre et sanctifie celui-ci, car ici l'offrande est le Corps véritable et le Sang véritable du Christ-Sauveur. Dans l'autel on a vu aussi le trône du Christ : « Lorsque quelqu'un d'entre vous aperçoit le trône d'un Roi, il se redresse mentalement ; d'instinct il songe à bien se tenir pour la venue du Roi » ; ainsi doivent faire les chrétiens au moment de la· venuè du Christ sur l'autel, selon saint Jean Chrysostome (11). ' .Mais la tradition a surtout retenu l'idée que l'autel était l'image et le signe du Christ ; par référence à l'Eucharistie qui y est célébrée, l'autel a été conçu comme un prolongement de celle-ci, un signe permanent de la présence du Christ qui a été à 1a fois le prêtre, la victime et l'autel de son sacrifice. Ainsi l'autel chrétien est-il à la fois l'autel où se continue mystérieusement au long des siècles et jusqu'au retour du Christ le sacrifice de la croix, et la table autour de laquelle se réunissent les fils de l'Eglise pour rendre grâces à Dieu et recevoir le Corps et le Sang du Sauveur. Très tôt dans son histoire, l'Eglise a voulu offrir le sacrifice de la Messe sur les corps des martyrs ; ils sont membres privilégiés du Christ ; ils ont participé de façon très étroite au mystère de la Croix, leur martyre les ayant configurés de la manière la plus adéquate au Christ crucifié. Pour témoigner que l'Eglise s'associe au sacrifice de son Epoux, il convient bien qu'elle évoque par la présence des saintes reliques ceux de ses mem– bres qui sont allés jusqu'à la configuration réelle à la mort du Christ. Ce ne sont pas les corps saints qui honorent l'autel ; c'est l'autel qui leur confère un nouvel honneur. Pour honorer les reliques des martyrs et des autres saints, comme pour signifier que le sacrifice des membres a son principe dans celui du Chef, il est donc convenable d'ériger les autels sur leurs tombeaux ou au moins de placer des reliques des saints sous les autels. Le symbolisme de l'autel, image et figure du Christ n'a pas été sans influer sur le choix du matériau ; saint Augustin connaissait en Afrique des aùtels de bois ; les autels archaïques de Rome l'étaient également. Mais l'autel de pierre, attesté dès le IV" siècle, permettait le développement d'une symbolique plus riche ; Yahvé était le rocher d'Israël ; le Christ, pierre d'angle, rejetée par les bâtisseurs, est devenu le fondement du nouvel édi– fice, pierre angulaire, prec1euse, fondamentale (ls. 28, 26; Act. 4, 11 ; 1 Pierre 2, 4, 6-7; Eph. 2, 20) ; il a même donné ·à Pierre de participer à sa condi– tion de fondement, de roc sur lequel est édifiée l'Eglise. La tradition de l'Eglise est donc d'ériger des autels en pierre ; cependant au jugement des. Conférences épiscopales d'autres matériaux dignes, solides, dignement travaillés pourraient convenir. L'autel n'est pas dédié aux saints ; il est dédié à Dieu seul, mais il l'est à Dieu en l'honneur des saints. Sur le fronton des églises de l'âge baroque et de l'ère classique, on aimait inscrire D.O.M. « Deo Omnipotenti Maxima » ; Dieu seul est desti– nataire de la dédicace, tant des églises que des autels. Afin que cela apparaisse plus clairement, on recommande dans les nouvelles églises· de ·ne pas placer de statues ou d'images de saints au– dessus de l'autel ; mais il n'est nullement néces– saire de modifier la disposition des églises ancien– nes conçues autrement, surtout lorsqu'il s'agit d'authentiques œuvres d'art. (11) S. Jean Chrysostome, Homélie 36 sur la Jo. aux Cor., n. 5, PC, t. 61, c. 313.

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