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458 ADEODATO TURCHI dans ses sujets, ni le meme loisir de s'occuper de son salut. Troisie– nement enfin, que l'on n'attendait peut étre que son déplacement pour lui oter ses États actuels et les donner a la République Gisalpine. III. - Quand bien méme je n'aurais pas connu depuis Paris les hommes qui professent ici cette doctrine, et qui m'ont été particu– lierement désignés par mon collegue Joseph Bonaparte, le bruit secret de Parme m'aurait fourni une süre indication. Parmi ces hommes, au · premier rang, est l'Évéque qui quoique parvenu a sa 78e année, n'a jamais quitté les pratiques alternativement humbles et séduisantes, mais toujours ambitieuses qui l'ont conduit d'un couvent de Gapucins a l'Episcopat; doué d'un esprit adroit que servent des formes aimables et une gaité qui écartent le soupi;on, il regne sur le Prince, et en son nom, sur tous le Parmesans. En vain l'Infant qui le craint, affecte de ne lui donner aucune crédit apparent, il n'en est que plus fort; et la troupe saintement imbécile dont le souverain est sans cesse entouré, a pour moteur l'Évéque qui n'adore que la fortune et l'ambition, et qui a au besoin des prophetes par lesquels il commande a son maitre qui se croit libre et indépendant. Tout ce qui a maintenant du crédit ou des fonctions dans le gouvernement est créature de l'Évéque ou brigue sa faveur; le reste est éloigné et ne se plaint qu'avec crainte. Dans cette occurence, j'ai jugé que je devais conquérir l'Éveque, ou l'avertir qu'il tenterait vainement de s'opposer aux volontés de la France, et M. de Ventura ayant applaudi a cette résolution, je l'ai effectué avant– hier soir. J'ai parlé ouvertement a l'Évéque Turchi, je lui ai montré d'un coté, l'inutilité et méme le danger du refus du Prince; de l'autre les avantages qu'il pouvait retirer, lui Évéque, de la fortune •du Prince héréditaire qu'il a élevé de maniere a offrir cette singularité bien re– marquable, que Condillac, philosophe, n'a fait qu'un bigot, tandis qu'un capucin a fait un Prince dont les qualités donnent les plus belles espé– rances. En un mot, j'ai employé les deux moyens les plus puissans sur les hommes quels qu'ils soient: la contemplation d'une récompense, ou d'un chatiment selon le partí qu'ils prendront. L'Évéque m'a dit avec beaucoup de calme que je connaissais tres mal l'Infant, puisque je supposais qu'il cherchait des conseils étrangers; que l'importance méme de la situation le déterminerait a n'en pren– dre que de lui meme; et qu'il m'assurait a l'avantage que quelle que fut la détermination de l'Infant il était dans son caractere de n'en jamais vouloir changer; que lui l'Évéque ne serait certainement pas in– terrogé sur ce point délicat, mais que s'il l'était, contre toute probabilité, il déclinerait de s'enpliquer, parce qu'il désirait ardemment que le Prince conservat sa souveraineté actuelle. Quant a ses rapportes avec le Prince héréditaire, il m'a donné a entendre qu'il regardait celui-ci comme son obligé tandis qu'il se croit l'obligé de son pere; et que quant a ce que j'offrais a son ambition s'il nous servait, il avait perdu tous désir en ce genre, lui a qui le Cardina– ]at avait déja été offert comme un laurier dans d'autres circonstances. A la fin de cette conversation, ou les maximes évangéliques et la morale chrétienne ont joué une role tres beau dans une bouche éloquente, l'Évé– ,que m'a conjuré de servir son maitre en lui faisant laisser ses États actuels jusqu'a sa mort. N'obtenant rien pour mes viles, j'ai averti l'Évéque que je ne croyais, ni a sa nullité politique, ni a son désinté-

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