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lité. A la lumiere qui, désormais, éclairera une vraie vie reli– gieuse, une pareille situation apparaitra, au contraire, extreme– ment inconfortable, tant elle rendra difficiles l'oubli de soi, la primauté du spirituel, l'attention au surnaturel. Elle est done bien différente, au point d'en paraitre contradictoire avec celle du siecle cette nouvelle fa~on de voir les choses et dont les vérités premieres s'expriment dans les béatitudes : « Bienheureux ceux qui ont assez de vigueur d'esprit pour aimer etre pauvres ! Bienheureux les purs, les doux, ceux qui pleurent, les persécutés ! » Affirmations qui ne peuvent pas ne pas avoir, pour quiconque reste animé de !'esprit du monde, des saveurs de paradoxe. Cette premiere forme de notre vie spirituelle, je veux dire notre fa~on de voir et d'apprécier les choses, étant ainsi trans– formée, elle entrainera la transformation de la deuxieme qu'est l'exercice de la volonté, en assignant désormais des motifs entierement nouveaux a nos décisions. Le grand moteur de l'activité du siecle c'est la satisfaction a donner aux passions, satisfaction qui, maintenue en certaines limites, peut parfaitement etre légitime. II est bien clair que les fabricants de patisseries, de confiseries, et meme de nom• breuses formes d'alimentation, n'auraient plus aucun moyen de faire des affaires s'il n'existait, chez les hommes, la passion de la gourmandise qu'il faut servir. Les banquiers, les agents de change, tous ceux qui vivent de la ce bourse », seraient bien• tot sans travail si, dans les ames, s'éteignait le désir du gain qui est un des aspects de l'avarice. Et toutes les industries de la parure : coiffeurs, modistes, grands couturiers, fabricants de colifichets, etc... que deviendraient-ils s'il n'y avait pas toutes les vanités qui postulent ? Et nous pourrions continuer l'inventaire de la force motrice des passions ici-bas ! Ces memes passions, certes, demeurent meme dans le reli– gieux qui ne cesse pas d'etre un homme. Mais, au lieu d'y parler en hotesses exigeantes qui ne cessent de réclamer, elles sont ramenées au role de victimes qui ne peuvent se signaler, se mettre en avant, que pour aller immédiatement approvision– ner l'autel du sacrifice. Dans l'Ancien Testament, il fallait etre 77

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