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ment parlant, done, on ne voit pas qu'il puisse y avoir d'actes indifférents, c'est-a-dire inutiles a notre sanctification. Mais ce sera précisément un péché véniel que de gaspiller délihé– rément des ressources vitales dans un acte qui, s'il n'est pas « contre Dieu >i, se refose a etre « vers Dieu >J. Ainsi, tandis que les péchés mortels sont les contre-sens de la vie, les péchés véniels en sont les non-sens. Mais leur menace sur les vies religieuses se révele plus insidieuse. Justement a cause de l'équi– voque d'une expression trop courante qui les íait appeler des « péchés légers », ce qui donnerait a penser qu'on n'a pas telle– ment a y prendre garde. « Stultus illudet peccatum J> disent les Proverhes (x1v, 9). Or, c'est surtout au sujet des péchés vé– niels que se commet cette sottise. Pour en détourner les ames, on a coutume d'insister sur les conséquences de cette fa1,:on d'agir et qui sont, sur cette te.rre, de créer des habitudes de négligence et d'infidélité qui prédis– posent la volonté au péché grave ; dans l'autre vie : les peines du purgatoire. Sans nier l'importance de ces considérations il me semhle que pour ohtenir un redressement :Eoncier de con– duite, il vaut mieux insister sur une vision plus suhstantielle des choses. Au fond, la multiplicité des fautes vénielles me parait imputable, si on exclut les fautes de pure fragilité, soit a la frivolité de notre esprit, soit a la paresse de notre volonté, soit a une certaine défiance de Dieu. La frivolité de notre esprit nous cache l'importance de l'en– jeu. Elle nous persuade que celui-ci est insigni:fiant. Et pour– tant c'est d'un avortement partiel de la vie divine en nous, d'un dommage a répercussion étemelle qu'il s'agit. Une cathé– drale s'effondrerait que cela tirerait moins a conséquence. Elle n'est une réalisation que pour le temps, et meme un temps bien limité. Tout échec dans le divina une portée autrement grande. Mais voila ! Nous n'arrivons pas a nous penser ni a nous vou– loir aussi grands que Dieu nous pense et nous voit. « Ego ero merces tua magna nimis » (Gen., xv, 1) disait Dieu a Ahra– ham. Le Seigneur a raison. Notre frivolité nous empeche de nous maintenir a la hauteur de notre destin. 31

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