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strictement réglée par l'obéissance : « Si deceptio est, a te, (Domine) decepti sumus ! » (1) C'est la preuve par l'absurde. - Vous insisterez, peut-etre, en disant que non seulement la chose que vous voulez est bonne, mais que vous avez encore bonne intention. Dans ce cas, risque•t•on encore de s'égarer ? Mais bien súr ! qui nous dit, en effet, que cette intention dont seule la honté naturelle tombe sous notre controle, n'est pas le fruit de votre jugement propre, entrainant une décision de votre volonté propre ? Félicité de Lamennais avait, sans aucun doute, honne intention quand il entreprit son action de presse, pour le service de la religion qui, lui, est une bien bonne chose. Mais il ne voulut pas convenir que le Seigneur n'a jamais promis de manifester avec certitude sa volonté par le fonctionnement des génies humains eux-memes, pas davan– tage par les résolutions des grandes ames, mais uniquement par ceux qu'il a officiellement qualifiés pour parler en son nom. Sa belle intelligence et une générosité de creur incontes– table n'ont pas empeché le pieux traducteur de l'lmitation de mourir dans la réduction a l'état laique et l'excommunica– tion !... Oh ! qu'il faut se défier de son propre jugement et de sa volonté propre ! Saint Bernard n'a-t-il pas écrit : « Ces– set voluntas propria et infemus non erit » (Sermo 111 in temp. · Paschi). 11 faut ajouter que le diable ne reste pas plus inactif en ce domaine qu'en celui de la chasteté. Et qu'il sait s'employer a nous persuader que nous avons raison, que les chefs qui nous contredisent sont obtus, malintentionnés ou pervers. 11 n'y a que dans la décision d'obéir qu'on n'a pas a redouter son influence. N'est-ce pas de saint Antoine du Désert (je laisse au lecteur le soin de controler la chose) qu'on raconte que le diable, pour le détourner de la sanctification, aurait dit un jour : « Pourquoi veilles-tu ? Moi, je n'ai jamais dormi, et je suis damné ! Pourquoi jeiines-tu ? Moi, je n 'ai jamáis man– gé, et je suis damné ! » Alors, le Saint, agacé, aurait répliqué : « Moi, j'obéis. Et toi ?..• » Oh ! sur ce terrain, on ne peut (1) « Si j'y mis induit en erreur, c'est Vous, Seigneur, qui m'avez trompé!» 183

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