BCCCAP00000000000000000001358

Voila done comment Jésus s'est présenté au monde « for– man servi accipiens » (Philipp., 11, 7) pour y faire la pire des corvées : « et iniquitates eorum ipse portahit » (Is., LIII, U). De toute sa vie terrestre, l'ohéissance demeurera le pro– gramme : « qure placita sunt ei facio semper J> (J oan., VIII, 29), le réconfort : << Meus cihus est ut faciam voluntatem ejus qui misit me JJ (Joan., IV, 34), en attendant d'en etre l'apo– théose : << Factus est ohediens usque ad mortem, mortem autem crucis JJ (Phil., 11, 8). De telles évidences pouvaient-elles ne pas frapper tous ceux que Dieu a suscités pour fonder les ordres religieux ? Néan– moins il arrive qu'on présente l'ohéissance comme la caracté– ristique particuliere de tel ordre religieux, par exemple de la Compagnie de Jésus, et qu'on n'ait pas l'air de croire qu'elle ait le meme crédit en d'autres ordres, par exemple dans l'Ordre franciscain. Je me souviens d'avoir été personnellement féli– cité, par un vieil ami, de honne foi, de ne m'etre pas fait jésuite, parce que, disait-il, il n'admettait pas le « perinde ac cadaver J> de saint Ignace. Pour essayer de rendre mon inter– locuteur plus prudent dans ses attributions, je lui racontai l'histoire de saint Fram;;ois et du frere désohéissant. Demeuré trouhadour dans l'ame, Frangois préférait les petites comédies aux grands discours. II convoqua done, un jour, toute la communauté de ses freres au jardín, avec pelles et pioches, et commanda de creuser une fosse de profondeur réglementaire pour une sépulture. Apres quoi, il fit descendre au fond de la fosse le frere a tete dure et lui commanda de s'y coucher. « Es-tu mort ? >J lui demanda-t-il alors. - « Non ! )) répondit le frere. - « Jetez-lui des pelletées de terre dessus ! JJ Puis de nouveau : « Es-tu mort ? J> - « Bien sur que non ! JJ protesta plus vivement le moine qui commengait a trouver la plaisanterie mauvaise. - « Encore de la terre ! JJ insista Fram;ois. Enfin une troisieme fois : « Oui ou non, es-tu mort ? » - « Oui ! oui ! >J répond le frere qui, enfin, avait compris. 178

RkJQdWJsaXNoZXIy NDA3MTIz