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Un autre terrain dangereux serait l'indécision ou trainerait la volonté. Je sais bien que le religieux n'a pas souvent a hésiter sur ce qu'il a a faire. Sa législation, les ordres de ses supérieurs prévoient a peu pres tout le détail de ses acti– vités. Néanmoins, il est toujours laissé a l'initiative person– nelle une certaine portion de « temps libre J> extremement pré– cieuse pour pourvoir aux mille riens impossibles a englober dans l'objet des prescriptions communes. Mais, précisément, il faut se garder d'etre alors paresseux a se décider, aucune force ne s'exen;ant plus de l'extérieur pour nous y contraindre. « Voyons ! Qu'est-ce que je fais ?... <;a ?... Oh ! non !... <;a ne me dit ríen !... Peut-etre «;a ? <;a ne me dit pas grand-chose non plus ! » « Halte-la ! décide-toi !... Ne serait-ce qu'a aller faire cinq minutes de pas de gymnastique dans le jardin. Mais la décision étant l'assiette de la volonté, ne reste pas, ainsi, assis entre deux chaises, si tu ne veux pas qu'une chiquenaude du Malin ne vienne te faire faire la culbute ! » Pour terminer, dénon«;ons encore, comme terrain du diable en religion, celui ou il fait, hélas ! les chasses les mieux réus– sies, je veux dire l'amertume cultivée du creur. En vie reli– gieuse, comme ailleurs, on peut etre blessé, la plupart du temps par un confrere agissant maladroitement et meme inconsciem– ment. L'amour-propre nous pousse alors a nous refermer sur cette blessure, laquelle commence bientot a nous ronger inté– rieurement. Le diable, lui, ne reste pas indifférent devant une aussi bonne aubaine. II apporte de l'eau au moulin de l'amour– propre, active et intensifie le corrodant de l'amertume, suggé– rant des pensées de plus en plus ameres, de plus en plus dépri– mantes : <e Tu vois ce que c'est que la vie religieuse ! Tu vois comment tes services sont reconnus ! de quelle hostilité, mé– chanceté, ils sont payés ! Tu en es devenu la bete noire envers qui tout est permis ! Ce n'est que pour toi qu'on a de pareils procédés !... Et tu veux encore te renoncer, te mortifier ? Es-tu done bete ? » Voila la ruse, le casse-reins final, l'appel a la triste satisfaction de la chute facile. Ah ! que l'on se garde avant tout de conserver une áme amere. La plupart du temps on pourra faire assez confiance a 161 LA VIE RELIGIEUSE ll

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