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11 LE MONDE Saint Jean se déclare bien renseigné a son sujet, et il nous le dénonce comme entierement a la merci du Malin (I J oan., V, 19). La raison en est que dans le monde tout est convoitise de la chair, concupiscence des yeux et orgueil de la vie (1 J oan., n, 16 ). Dans ces conditions, comment ne serait-il pas un adversaire décidé de notre chasteté ? Certes, le Seigneur nous en a retirés et nous ne sommes plus du monde (Joan., VIII, 23); mais il dépend de nous d'utiliser tout le bénéfice de notre clóture, de ne pas entrouvrir impm– demment la porte et, quand il nous faut retourner dans le milieu séculier, de nous entourer de toutes les garanties dont la religion veut alors nous munir. Ces choses supporteront quelques mots d'explication. Celui-la perd en notable partie les avantages de la cloture qui, en esprit, se retrouve trop souvent en milieu séculier. « La ou est votre trésor, la est votre cceur » disait Jésus (Math., VI, 21 ). C'est pourquoi le religieux qui se laisserait trop pren– dre par le charme de certaines visites, partie intégrante, peut– etre, de son devoir d'état, risquerait de devenir bientot plus un séculier en réclusion, qu'un religieux en paix et solitude. Nos relations épistolaires elles-memes, quelles qu'elles soient, meme familiales, doivent se garder de curiosités inutiles au sujet des affaires du monde. Il arrive pourtant que certains parents, d'un milieu simple, ouvrier ou paysan, nous confient, quand on leur demande des nouvelles de leur filie religieuse, leur embarras : « Bien sur, elle nous écrit. Mais, souvent, elle se plaint que nous ne lui donnions pas assez de détails, sur un tel ou une telle, sur cette entreprise ou sur cette autre... Que voulez-vous, mon Pere, nous ne savons pas faire de lon– gues lettres, nous autres ! » ••. Franchement, on ne se sent pas tres :fier quand on entend de ces réflexions, pourtant bien franches. C'est, sans aucun doute, l'amour qu'elle a pour les siens qui pousse ainsi la religieuse a se charger des soucis 157