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exposé que son fonctionnement actuel est souvent indépen– dant de la volonté. II l'est rarement de fai;on entiere dans ses causes. Sorte de cinéma intérieur, en effet, l'imagination ne projette, en compositions diverses et parfois bien inattendues, que le résultat des enregistrements par les sens extérieurs : impressions visuelles, auditives, ou autrement sensorielles. Or, sur cet enregistrement, nous avons un pouvoir de con~ tróle qui, pour n'etre que relatif, ne peut néanmoins etre négligé par quiconque entend ne pas transgresser volontaire~ ment les regles de la prudence. La « modestie des yeux >> si facilement moquée de nos jours, comme si elle n'était qu'une fo:rme de pudibonderie nigaude, est plus impérativement exigée aujourd'hui que jamais par toute pratique de la chasteté qui ne veut pas faire fi du bon sens. Elle ne doit certes pas etre l'effet d'une crainte puérile, ni d'une timidité hors de saison, mais bel et bien une forme de maitrise de soi, du gouverne– ment de soi-meme. Un bon maitre de maison, en effet, est celui qui fait valoir son droit de choisir ceux a qui il ouvre librement sa porte. Ainsi devant tout spectacle, surtout actuel, il faut faire valoir son droit de choisir ce qui peut utilement meubler notre esprit tout en rejetant ce qui ne nous serait que cause d'ennuis ou inutile encombremenf. On serait, en effet, bien inconscient de l'effort actuel de dépersonnalisation entrepris par la propagande visuelle, auditive ou autrement sensible, si on ne saisissait pas tout de suite l'importance actuelle de la « garde des sens >> pour quiconque veut person– nellement mener sa vie, et la conduire avec le mínimum de difficultés, en bonne direction. On aura remarqué que nous avons parlé des impressions non seulement visuelles, mais aussi auditives et diversement sensorielles, ce qui étend le domaine de la vigilance au-dela de celui de la traditionnelle modestie des yeux. Par consé– quent, il sera encore indispensable de fermer l'oreille a cer– tains propos, plaisanteries grivoises excitantes, colportages mal– sains de scandales, auxquels, bien sur, on mettrait comme point final un tres décent : e< Mon Dieu que c'est triste ! » Mais on serait bien naif si on pensait que cet hommage verbal a la morale sera un coup de balai suffisant pour nettoyer 154

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