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il faut le remplir d'autre chose, car on ne fait pas le vide pour le vide, la privation pour la privation. Cette autre chose incomparablement plus précieuse dont nous entendons nous enrichir, selon toute la mesure de notre creur, cherchant d'ail– leurs, chaque jour, a augmenter la capacité de celui-ci, c'est, nous l'avons dit, la charité, cette participation qui nous est offerte a l'Amour incréé des Trois Personnes divines. Mais, précisément, a ce moment-lii. une préoccupation s'impose, a savoir ne pas ouvrir notre creur a une contrefa~on de charité et parce que nous voulons etre pleinement riches, de veiller a écarter les impuretés, les déchets, de cette divine acquisition une fois garantie authentique. Oui ! Eviter d'abord la contrefa~on, car, si celle-ci n'est guere a craindre quand il s'agit de choses vulgaires, elle devient extremement fréquente a propos de tout objet pré– cieux. 11 y a certainement chez les bijoutiers beaucoup plus de perles fausses que de perles vraies. Mais aucune perle n'est comparable en valeur a celle que le Seigneur nous a fait découvrir : son amour en nous ! C'est tout ce que vaut notre vie : « Amor meus pondus meum » (Saint Augustin). Atten• dons-nous done a rencontrer sous l'étiquette « amour » bien plus souvent la contrefa~on que la vraie perle. Le monde ne vend-il pas, a boutique ouverte, et de partout, sous cette appel– lation non controlée, une des formes les plus féroces de l'égoisme qui est la luxure. Celle-ci, en effet, loin d'etre un acte de bienveillance, une donation généreuse, est une exploi– tation éhontée du prochain dans son avilissement moral et parfois physique. Et ce n'est pas parce que de semblables exploitations arrivent, au moins temporairement, a se conju– guer, qu'elles perdent leur nature foncierement égoiste, done anti-charitable, a l'opposé de l'oubli de soi. 11 fallait done qu'une nouvelle obligation religieuse intervint immédiatement apres la pauvreté pour que eelle-ci ne toume pas en marché de dupes et cette obligation ne pouvait etre qu'une interdiction dressée devant le moi jouisseur : la chasteté. Ainsi, le plus gros péril est écarté. Mais notre devoir de tendre a la perfection demeure. Or, la perfection est dans la pureté de l'Amour ! 138