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Ni de fraude. Rappelons l'histoire d'Ananie et de Saphire (Act., v, 1 ). Ce ménage avait vendu un champ, mais sur le prix de vente qu'ils prétendaient apporter aux pieds de saint Pierre ils retinrent frauduleusement une part. ce Pourquoi avoir mentí a l'Esprit-Saint dans un dépouillement que tu avais librement choisi de faire ? ii dit saint Pierre a Ananie qui expira sur-le-champ ! A peine avait-on enlevé son cadavre, que Saphire venait, comme son mari, déclarer que c'était bien tout le prix du champ que, d'un commun accord, ils avaient apporté aux apotres. Immédiatement la meme mort la frappa ! Voila qui donne a réfléchir. Nous aussi, nous avons prétendu tout donner a Dieu ! Oserions-nous le confirmer devant saint Pierre sans avoir a craindre de préparer, pour demain, un spectaculaire enterrement ?... Attention, done, aux fraudes que suggere la prudence de la chair ! Tout donner, effectivement, et ne plus reprendre - car la convoitise ne meurt pas du fait d'avoir été, une fois, com– pletement dessaisie. Elle peut se réserver pour des récupérations clandestines. Ne voit-on pas, meme en vie religieuse, se déve– lopper la manie d'accumuler au-dela de toute nécessité réelle, les livres, les vetements, les objets d'équipement, voire les bibelots ? Ne surprend-on pas, dans certains membres des com– munautés, jusqu'au mouvement qui consiste, comme on dit vulgairement, a tirer a soi la couverture ? Et cette contre– offensive de 1'« avoir J>, dans une vie qui se prétend dépouillée, n'est pas la moins difficile a combattre. Les progres qu'elle réalise sont exactement proportionnés aux reculs de l'Amour de Dieu, seule véritable richesse dans un creur. II reste un remede : revenir a l'appréciation premiere de cet Amour ! Le faire flamber a nouveau au centre d'une vie ! II ne sera plus nécessaire, alors, de multiplier les exhortations a se dé– pouiller pour ramener un religieux a sa pauvreté premiere, il se dépouillera de lui-meme, spontanément, par un surna– turel besoin. C'est comme dans la fable de Phébus et Borée : le manteau que les tempetes du vent n'ont pu arracher aux épaules d'un cavalier, en est immédiatement enlevé par celui– ci, des que sous l'action de Phébus il se prend a avoir trop chaud intérieurement pour supporter cette surcharge extérieure. 135