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les n'expliquait-il pas ainsi le renoncement parfait de l'ame : « Etre toute a son Tout ! » ? Ce totalitarisme de l'Amour, le seul qui soit justifié jusqu'au bout, le seul qui soit postulé par le parfait enrichissement des ames et du monde, saint Fran– c;ois n'arrivait pas a comprendre qu'il ne saisisse pas le monde entier. « Les hommes sont fous, criait-il, ils n'aiment pas l'Amour, l'Amour n'est pas aimé ! >> Et ce n'est, hélas ! que trop vrai. Les hommes préferent les richesses d'illusion et se tuent a les acquérir, mais l'Amour qui les fait, des mainte– nant, posséder Dieu, et pour toujours, s'ils ne commettent pas la sottise de l'abandonner, l'Amour, ils ne l'estiment pas, ils ne le recherchent pas ! « Amamus miseri famem nostram ! >> Constatons qu'au pied de la Croix, les soldats se sont montrés plus avides d'avoir les vetements du Christ que le Christ Lui-meme. Saint Franc;ois, au contraire, pensait que le Christ aimé devait devenir, comme le demande saint Paul (Eph., 1, 23) « tout en tous ». Mais a partir du moment ou il devient le << Tout >> il fait le « rien >> du reste. Et a ce point de notre méditation apparait la vanité de la querelle qui oppose ceux qui mettent la caractéristique franciscaine dans la pauvreté, a ceux qui la mettent dans l'amour. L'amour, cette richesse de l'ame, mais c'est l'ame meme de notre pauvreté ! Sans luí celle-ci n'aurait pas de sens. Et s'il prend dans notre creur, comme il convient, toute la place, il nous deviendra impos– sible de nous attacher a quoi que ce soit. C'est le « Séraphin >> qui, en Franc;ois d'Assise, exige le « Poverello », et le fait sans répit. 111 COMMENT PARVIENT-ON A CET ÉTAT D'AME? Par une grace de Dieu, d'abord. Au surnaturel les choses. ne sauraient commencer autrement. Et cette grace est une grace· de clairvoyance qui nous est précisée dans l'Evangile (Math.,, XIII, 4-6). « Le royaume des cieux est semblable a un négo.. ciant chercheur de perles. Quand il a trouvé la perle pré.. cieuse, il liquide tout son avoir et achete cette perle >>. II est: 133