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Je ne vois pas, en effet, comment le mépris pourrait deve– nir vertu, ni conduire a la vertu. Le mépris ne peut naitre dans le cceur que comme conséquence d'une élévation inté– rieure. Et comment celui qui s'éleverait ainsi intérieurement serait-il encore humble, pauvre de lui-meme ? Le mépris, d'ailleurs, est toujours une forme de sottise, car tout est admirable, notre personnalité comprise, de ce qui est sorti de la main de Dieu. 11 faut etre mesquin pour ne pas le voir et, ne pas le proclamer. En tout cas Frarn;;ois d'Assise n'a jamais eu que de l'enthousiasme devant la création : << Loué soit Dieu, mon Seigneur, a cause de toutes les créa– tures !... » Le mépris est un manque de respect qui, pour etre incon– scient, n'en demeure pas moins objectivement grave, vis-a-vis de Dieu. A chacun des stades de sa création le Seigneur s'est félicité lui-meme de son ceuvre : « Vidit quod esset bonum ! » (Gen., 1, 1O et sq.). Qui oserait aj ou ter : « Bon pour vous, mon Dieu !... » Enfin, meme si on l'admettait, le mépris ne nous conduirait pas au terme du détachement. Ne devons-nous pas en entrant en religion, nous détacher de nos pere et mere ? Faudra-t-il pour cela les mépriser et nous ouvrir par un péché mortel le chemin de la vertu ? Voila a quelles incohérences on s'expose avec les solutions de facilité. 11 LA V'ÉRITABLE EXPLICATION II faut tout de meme arriver a se détacher de tout le créé qu'on le considere hors de soi, ou en soi d'une certaine mamere, par l'importance que nous désirons naturellement voir accorder a notre propre personne. Mais pour cela il n'est pas nécessaire de mépriser, il suffit d'estimer moins et d'etre ohligé de choisir entre ce moindre bien et un autre supérieur, surtout si celui-ci l'est incomparablement. Et dans cette voie nous rencontrons immédiatement la doctrine de Jésus. « Vous 130

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