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Ainsi la pauvreté, contrariant la conv01t1se, nous amenera a céder de nos droits pour que nous ne soyons pas exposés a les dépasser. Je crois me souvenir que c'est l'explication que donna, un jour, Mgr. Ancel, de la pauvreté effective qui, a son avis, doit etre, dans une mesure évidemment restreinte, pratiquée meme par les chrétiens du siecle. Si, en eflet, ils veulent rester a cheval sur tous leurs droits, immanquablement ils en arrive– ront a violer la charité, sinon parfois meme, la justice, comme le sous-entend l'adage latín cc Summum jus, summa injuria ». Ils ont done besoin d'une certaine vertu de pauvreté qui doit etre fille de la tempérance. C'est la une explication incontestablement vertueuse. Et nous croyons, nous aussi, qu'une telle vertu de pauvreté est celle qui conviendrait aux chrétiens séculiers. Mais il ne nous est pas pos– sible d'y reconnaitre l'áme de la pauvreté religieuse. Celle-ci, en effet, ne doit pas s'orienter vers un juste milieu : cc ni trop, ni trop peu », elle doit s'eflorcer d'etre, chaque jour, plus totale, plus absolue. Ne s'attacher a rien, ne se rechercher en rien. Un tel mouvement ne peut done relever de la tempérance puisqu'il est la recherche d'un extreme. Nous serons, d'ailleurs d'autant moins disposés a l'admettre que nous resterons plus attentifs a la psychologie de celui que l'Eglise tout entiere considere comme le cc pauvre » par excel– lence, le « Poverello », Fran~ois d'Assise. Si la pauvreté reli– gieuse, en effet, relevait de la tempérance, attendu que cette pauvreté a brillé d'une fa~on incomparable dans le fondateur des Freres mineurs, il faudrait que la tempérance ait été, chez lui, la vertu la plus manifeste, la plus intense, la plus carcté– ristique. Mais, a la vérité, il en va autrement. L'áme de Fran– <:;ois d'Assise apparait, au contraire, comme une áme naturel– lement excessive. Quand il se dépouille devant l'éveque, a tel point qu'il n'en garde meme pas sa chemise, ne commet-il pas un exces ? Et quand il envoyait frere Rufin precher en cale– <:;on dans la cathédrale d'Assise, n'exagérait-il pas encore ? Ses biographes, d'ailleurs ne cherchent nullement a dissimuler cet aspect de son caractere. Ne rapportent-ils pas un dialogue 128