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En plein dans ce courant d'évangile Franc,ois d'Assise ne se serait pas estimé vraiment pauvre s'il ne s'était fait, en meme temps, frere mineur. Mais comment aurait-il pu se désapproprier davantage de lui-méme, comment aurait-il pu vouloir etre moins riche de luí qu'en s'obligeant sur le plan social a etre « moindre )) (minor) que n'importe qui? C'est, en effet, ainsi qu'ils vécurent, lui et ses premiers compagnons: « Et nous étions simples et soumis a tous )) (Testament de saint Fran1,ois). 11 MAIS UNE TENDANCE NATURELLE, EN NOUS, S'OPPOSE A CETTE DBSAPPROPRIATION DE NOUS-MEMES, C'EST L'AMOUR-PROPRE Tendance d'ailleurs ainsi assez mal nommée. Ce n 'est pas, en effet, un amour de soi-méme, mais une prétention, une sorte d'opulence de soi-méme, une recherche avide de tout ce qui, sur le plan purement humain, est de nature a nous faire une personnalité cossue, tout ce qui donne du relief, de la supé– riorité, de l'importance, a notre personnage. Ce n'est done pas exactement un amour. Mais le deuxieme terme qui compose cette appellation répond, par contre, parfaitement a la réalité. 11 s'agit bien d'une « propriété >) dans ce que convoite l'amour– propre : la propriété de notre réputation, de !'estime que nous avons ohtenue ou que nous nous proposons d'obtenir dans !'es– prit des autres. C'est tout a fait comme un bien personnel qu'on caresse le prestige naturel de sa personne. Elle se constitue, d'ailleurs, cette propriété, un peu de la méme fa1,on que les autres propriétés terrestres. Peuvent y con– courir, d'abord, certains apports d'héritage, si la famille dont nous sommes issus a brillé de quelque lustre, ne serait-ce que dans un memhre éloigné. On ne prétend, certes, pas sortir de la cuisse de Jupiter, mais, enfin, si grand-pere Untel était officier de la Légion d'honneur, onde Untel conseiller de pré– fecture, etc..• Bien que nous n'en parlions jamais, nous serions 119

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