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léger velours sur les longs sillons tristes ; puis un lac d'éme– raude ou le vent varie le jeu des reflets ; puis, en aout, une somptueuse houle dont les vagues s'en vont, la-has, porter leur crissement d'épis dans un miroitement de soleil. Quel magnifique service de beauté dont ne bénéficie pleinement que celui qui a su se garder une ame de pauvre ! La préoccu– pation vénale, en effet, qu'engendre, a propos de tout, l'esprit de lucre, enlaidit tout le créé en étendant sur lui un voile odieux de soucis et de chiffres. C'est comme si on renversait un encrier sur une toile de Raphael. Devant la splendeur du hlé qui ondule, le propriétaire préoccupé de garder et de gros– sir son « avoir >>, ne voit rien de ce qui me ravit et me pous– serait a chanter. 11 voit les notes, les factures, du défrichage, du labourage, des engrais, de l'ensemencement, des impots, de la main-d'reuvre pour la récolte, des prix compétitifs, etc... Ce tablean de Grand Maitre devant lequel il se trouve, se change pour lui en tablean noir ou additions, soustractions, multipli– cations, divisions, etc... s'enchevetrent, se renvoyant les chan– cés et les risques, et le pauvre homme pourra bien ne s'en aller de la qu'avec une migraine. Le service de la beauté du Sei– gneur est admirablement assuré mais c'est le cupide qui s'en prive en mettant la richesse de sa vie dans 1'« avoir ». Et cela vous explique qu'une ame aussi sincerement pauvre que celle d'un Franc;ois d'Assise a été aussi celle qui a le· mieux gouté la beauté du monde, qui l'a le plus amoureuse– ment chantée. Reportez-vous, pour controle, au « Cantique des Créatures ». « Loué soit Dieu, mon Seigneur, a cause de toutes les créatures, singulierement pour notre frere Messire· le Soleil, il est beau, rayonnant, d'une grande splendeur..• »· Allez jusqu'au bout ! 11 suffira ! Ma démonstration sera. complete. Mais enfin, et surtout, l'homme a besoin d'etre aidé dans le mouvement de son creur montant vers Dieu. 11 a besoin d'en découvrir dans le créé, l'exaltant « itinéraire ». Ce ne fot pas difficile a saint Bonaventure, grace a l'intelligence que· lui donnait la pauvreté, précieux héritage du Poverello. Com-. me saint Augustin, il s'appliqua a découvrir les « vestiges » de Dieu en toutes choses et a les suivre. Oh ! cette profondeur- 108

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