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Nos corps ont besoin d'étre nourris, vétus, abrités. Chez quel vrai pauvre volontaire releverez-vous jamais la tendance a lésiner sur la nourriture ? Un saint Fram;:ois d'As– sise a-t-il jamais cherché querelle a ses freres sur ce point ? Ne voulait-il pas, au contraire, qu'en cela les Supérieurs y aillent largement ? Certes, il a mis en garde les freres mineurs contre la sensualité dans les repas. Mais alimenter sa sensua– lité ce n'est pas se servir, c'est se desservir. C'est faire jouer a une chose un role contraire a celui que lui assigne le plan de Dieu selon lequel elle doit étre un moyen de progression dans la sainteté et non pas dans le vice. Au reste si les nourritures terrestres sont si souvent détour– nées de leur fin, s 'il y a des gens qui meurent de faim, tandis qu'ailleurs on jette le blé a la mer ou qu'on le brule dans les locomotives, c'est parce que l'esprit de lucre gere le monde, lui, le mortel ennemi de la pauvreté. C'est lui qui empéche la pauvre petite ouvriere des villes d'avoir le beefteack dont elle aurait besoin pour ne pas devenir tuberculeuse, le cube d'air méme que réclament ses poumons... Car l'esprit de lucre, l'ennemi de dame Pauvreté, détourne toutes choses de la fin pour laquelle le bon Dieu les donne, le pain, le vin, l'eau et jusqu'a l'air et au soleil qui doivent d'abord, par son usur– pation, servir des bénéfices en bourse... des forces et de la santé aux corps humains seulement si lesdits bénéfices le per– mettent !... Ah ! que nous aurions besoin de !'esprit de pau– vreté ! Simplement pour que les hommes se portent mieux, pour qu'ils se portent aussi bien que les largesses du bon Dieu entendent le leur permettre... Pourquoi insister davantage ? Mais nos ames aussi ont leurs besoins. Besoins bien connus de Dieu et bien pourvus par Lui... Si !'esprit de lucre ne vient pas, ici encore, se mettre en travers ! Ce qui est destiné a nous alimenter et a nous vétir com– mence par étre une délicate note de beauté dans ce cadre ter– restre ou il nous faut vivre. Car le Seigneur sait bien que nous avons besoin de détente, d'épanouissement, de joie et done de beauté tout autant que de pain. Et c'est pourquoi II a voulu que ce pain soit d'abord, au printemps, comme un 107

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