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142 FRANCISCAINS ET CAPUCINS BASQUES [34] « Dieu pour elle, et que le service de si bonnes gens tant « honnorés partout, ne pouvoit que leur estre a eux memes « honnorable et utile » (Memorabilia, f 0 36 r). Pris au piège, dans l'impossibilité d'opposer une fin de non recevoir brutale à la sœur du Roi de France, les notabilités font contre mauvaise fortune bon cœur : « la consideration de « son Altesse, la bonne grace et douceur de ses paroles, et les « offres qu'ils luy venoint de faire, lierent les cœurs et les « langues de ces Messieurs qui n'oserent la refuser » (ibidem). Et la plantation de croix, présidée par la princesse en personne, eut lieu le 4 novembre (ibid.). C'est ainsi que l'implantation capucine à Bayonne est ren– due possible, et se fait sans trop de difficultés majeures, mal– gré une mauvaise volonté évidente de la part des notables. Bon gré mal gré, les Dominicains cèdent aux Capucins, moyennant un dédommagement financier, la chapelle Saint-Thomas qu'ils possèdent, seul local susceptible d'accueillir la nouvelle com– munauté. Sur les premiers pas de cette dernière, historiens locaux et chroniqueurs capucins nous fournissent divers détails non dénués d'intérêt (voir bibliographie, note 8). De l'accueil pour le moins réticent fait aux Capucins dans la capitale du Labourd, il ne faudrait pas conclure à une désaf– fection à leur égard. Avant même la fondation d'un couvent, l'Ordre des Capucins a reçu dans ses rangs plusieurs enfants de la région, parmi lesquels, il faut le noter, deux anciens Cordeliers. Le nécrologe inséré dans Memorabilia nous apprend en effet que, entre 1591 et 1615, meurent cinq religieux origi– naires du Pays Basque, et plus précisément du Labourd ; cinq autres, pour la plupart sans doute entrés en religion avant la fondation de Bayonne, passent de vie à trépas entre 1617 et 1628. Sur ces dix religieux, six sont originaires de Bayonne. Lorsque l'immense Province de Toulouse se scinde, au début de 1640, formant d'une part la Province de Languedoc, d'autre part la Province d'Aquitaine, une douzaine de religieux basques sont déjà décédés. Huit ou neuf autres meurent entre cette division et la fondation d'un couvent à Mauléon. Contrairement à ce qui s'est passé à Bayonne, c'est à la demande expresse et, semble-t-il, réitérée, des habitants, que les Capucins s'établissent à Mauléon. Munis de toutes les autorisations et de tous les appuis officiels, les religieux plan– tent la croix le 3 mars 1669, « avec des circonstances très considerables ». Présidée par le « Lieutenant pour le Roy dans le Royaume de Navarre », entouré de « toute la Noblesse du pais », la céré-

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