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L'INCARNATION DU VERBE 75 question sur la prédestination du Christ à la perfection de l'univers, il en souli– gne au contraire la convenance et la sagesse: Quid sapientius et congruentius quam quod ad perfectionem totius universi fieret conjunctio primi et ultimi, Verbi scilicet Dei, quod est omnium principium et humanae naturae, quae fuit ultima omnium creaturarum 23 • Nous pensons que cette réminiscence néoplatonicienne et cette accumula– tion des convenances pour l'incarnation du Christ ne suffisent pas à prouver la valeur ontologique absolue de l'incarnation, affirmée avec instance en conclu– sion de cette section. Gerken écrit: "Le Christ est le prédestiné par excellence, il porte pour Dieu en soi-même la 'ratio finali.ter movens' de son incarnation, car, suprême valeur créé, il ne peut dépendre, en ce qu'il a de plus profond, de rien d'autre... Prédestiné par excellence, il porte pour Dieu en soi-même la 'ratio fi– naliter movens' de son incarnation, en ce qu'il a de plus profond, de rien d'autre... L'incarnation en tant que suprême bien imaginable dans le domaine du créé est voulue par Dieu pour elle-même, elle est le premier et le dernier motif de tout le reste (ratio finaliter movens) en tant que manifestation su– prême de Dieu ad extra" 24 . Nous savons que Bonaventure récuse formellement toute 'ratio finaliter movens' dans l'oeuvre de Dieu dans la création. Ses sermons sur l'Annuncia– tion, lui permettent de s'exprimer librement sur le mystère de la raison et la cause principale de l'incarnation. Nous avons lu que le Sermon III exalte la bé– nignité de Dieu 2 5. Le Sermon IV en appelle à l'autorité de S. Augustin: sans le péché et l'abîme de la miséricorde de Dieu, l'incarnation du Christ n'eût pas eu lieu: Illud regnum dicitur preparatum in misericordia, quia, etsi in opere incarnationis ostendatur potentia, sapientia, iustitia, potissima tamen ratio et cause incarnationis fuit Dei misericordia et nostra iuncta miseria. Unde Augustinus ... quod Christus Iesus venit in hune mundum ob nullam aliam causam, nisi peccatores sa/vos facere. Et rursus: Si homo non peccasset, Filius hominis non venisset 26 • A. Gerken ne peut donc pas assurer que Bonaventure a complètement délaissé la question hypothétique de ce que Dieu aurait fait si Adam n'avait pas 23 Breviloquium, p. 4, c. 1 (Opera omniaV, 241s.), 24 Gerken, La théologie du Verbe, 230-231. 2 5 Bonaventure, Opera omnia IX, 667. 26 Ibid., 697.
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