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72 CAMILLE BÉRUBÉ tivum'. Dans le contexte qui nous occupe, Bonaventure ne parle jamais de 'motivum'. Car un motif, c'est-à-dire une causalité mettant en mouvement, une force déterminant à l'action, la liberté absolue de Dieu l'exclut a priori. En re– vanche, on peut très bien s'interroger sur la 'ratio', la cause signifiante, de l'action divine" 1 3. Gerken appuye cette affirmation en renvoyant à J.-Fr. Bonnefoy, qui se réclame de Th. de Régnon: La raison finale qui meut l'agent est ce que l'on ap– pelle couramment le motif, ce pourquoi on agit ou produit quelque chose. Cet objet produit ici est l'incarnation du Verbe dans le Christ et la rédemption du genre humain par le Christ. "Qui dit motif, en effet, dit motion active exercée du dehors sur une volonté libre par un bien existant ou entrevu. Or - note le P. de Régnon - il n'est rien qui puisse être pour Dieu un bien à acquérir; il n'est rien qui puisse modifier effectivement l'état de sa volonté. Donc, encore une fois, Dieu ne peut influencer effectivement l'état de sa volonté. Donc, encore une fois, Dieu ne peut subir l'influence d'un motif; toutes ses actions ont une fin déterminée par la sagesse et, par conséquent, ont une raison, mais aucune ne dépend d'un motif. Assigner un motif à un vouloir divin constituera toujours une erreur grave, qu'on cherche un motif en lui ou hors de lui" 14 • Nous pensons que Bonaventure n'admet pas cette "ratio finaliter mo– vens" en Dieu au sujet de son oeuvre dans le créé, et donc en ce qui concerne l'incarnation du Verbe et la rédemption. Il a expliqué que c'est en raison de sa summa benignitate divina et sapientia qu'il a permis la prévarication d'Adam en rai– son de la rectitude du second Adam, qui pouvait satisfaire pour tout le genre humain et dont l'obéissance lui plaisait beaucoup plus que la désobéissance du premier Adam n'avait pu lui déplaire. Ce n'est pas notre malice qui a fait le Fils s'incarner, mais la trop grande charité et miséricorde de Dieu: ... quia hoc non fuit ex sua malitia, sed ex summa benignitate divina et sapientia. Quia enim sapientia Dei vincit malitiam, hinc est quod non patitur esse malum ali– quod, de quo non eliciat bonum etiam maius bonum; alioquin non perfecte maliti– am vinceret... Similiter hoc fuit ex bonitate Dei caritas nimia et misericordia 15 • 13 Ibid., 217. 14 Cf. J.-Fr. Bonnefoy, OFM, Raison de l'incarnation etprimauté du Christ, dans Divus Thomas 20 (1943) 105 (tout l'art. 103-120). 15 Sent. III, d. 1, a. 2, q. 2; III, 27.
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