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L'INCARNATION DU VERBE 69 L'humiliation et l'anéantissement de Dieu dans l'incarnation et la rédemp– tion du genre humain procèdent de l'excès de la charité de Dieu èt de son amour pour l'homme 3 • L'incarnation concerne l'histoire du salut. Bonaventure présente d'abord l'opinion de l'incarnation pour la perfection de la création et du genre humain, dans l'ordre de la nature, de la grâce, de la gloire et des appé– tits de la nature humaine, soutenue, vers 1240, par Robert Grossetête, fonda– teur de l'école franciscaine d'Oxford et en faveur chez les frères mineurs de Pa– ris. Il l'expose longuement, en apprécie minutieusement les raisons, mais leur préfère la doctrine traditionnelle, parce que plus pieuse, basée sur l'Ecriture, les Pères et Docteurs de l'Eglise et acceptée par la majorité des théologiens. C'est l'opinion de la prédestination à l'incarnation pour de multiples raisons de con– venance, mais principalement pour la rédemption du genre humain. Si Dieu n'avait pas prévu et permis la chute d'Adam et n'avait pas voulu rétablir le genre humain dans la prédestination à la gloire éternelle, l'incarnation n'aurait pas eu lieu 4 • La rédemption du genre humain dépasse toute autre convenance. Apaiser la colère de Dieu et restaurer toute chose sur la Terre et dans les Cieux est un si grand mystère qu'il n'aurait pas eu lieu si ne l'avaient précédé la chute d'une nature très noble et l'offense de la majesté de Dieu5. Dieu a permis la chute parce qu'il ne souffre aucun mal dont il ne tire un plus grand bien. Autrement il n'aurait pas vaincu parfaitement la malice. Contre la prévarication d'Adam qui a frappé tout le genre humain, Dieu a choisi la rec– titude d'un second Adam, qui pouvait satisfaire pour tout le genre humain. Celà provient de de ce qu'il est plein d'amour et de miséricorde6. L'incarnation est la plus grande grâce dont l'homme doie remercier Dieu, parce qu'il l'a reçue pour 3 Ibid., 20-21. 4 Ibid., III, d. 1, a. 2, q. 2; III, 21-28: "Ista enim praecipua (ratio) respectu hominum, quia, nisi genus humanum non fuisset lapsum, Verbu Dei non fuisset incarnatum. - Et ratio hujus est, incarnatio Dei est superexcedentis dignationis; et ideo, cum sit ibi quidam excessus, non fuisset introductum incarnationis mysterium, nisi praecessisset excessus oppositus per ipsum corrigendus et restaurandus. Unde nisi Deus ovem suam perdidisset, non de caelo ad terram descendisset''. 5 Ibid., 25. 6 Ibid., 27.

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