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L'INCARNATION DU VERBE 89 il quelque chose, pourquoi Jésus-Christ? Il constate que la métaphysique est devenue un instnunent efficace du travail du théologien. Pour comprendre l'oeuvre de Dieu il ne recourt pas à la théorie néoplatonicienne de la diffusion nécessaire du bien dans l'émanation de soi et le retour à soi, mais à la perfection de la charité qui veut que d'autres aiment Dieu comme Dieu s'aime lui-même: vult habere alios condiligentes. Il veut diffuser le bonheur dont il jouit lui-même en multipliant cet amour hors de Lui-même, en fournissant les moyens nécessaires à sa réalisation. L'incarnation de son Fils vient comme première étape dans l'amour le plus grand possible par un être créé et comme rédempteur du genre humain déchu par le péché d'Adam. Aussi bien, pour rendre plus intelligible l'excès de la charité du Christ dans la rédemption et faire comprendre qu'il est tout entier rédempteur et que son christocentrisme n'exclut pas la rédemption comme si elle était un accident, mais qu'elle la glorifie commé étant un sommet prodigieux, A. Gerken recourt au procédé littéraire de pousser les choses à l'extrême pour orienter dans la bonne direction, au prix de quelque inexactitude: "On pourrait dire: Si Dieu voulait que son Fils fût le centre incontestable, insurpassable, du monde, il de– vrait le vouloir rédempteur; s'il voulait se révéler au maximum dans sa grandeur divine, il 'avait besoin' du péché et de la croix, il 'avait besoin' de dévoiler sa miséricorde aux pécheurs. Pour saint Paul, l'amour et la grâce de Dieu ne se ré– vèlent victorieusement que là où le péché l'avait emporté, et cependant, Dieu ne devient pas esclave du péché" 65 • En lisant ce texte nous vient à la pensée la question historique: Si Bona– venture avait alors connu l'opinion scotiste originelle, celle de la prédestination du Christ pour le plus grand amour dans un être créé, l'aurait-il tenue pour philosophique et subtile, étrangère à !'Ecriture et aux Pères de l'Eglise et igno– rée par les théologiens ou, au contraire, l'aurait-il reconnue comme sienne? Peut-on trouver des indices d'une convergence d'idée entre les deux maîtres franciscains et dans l'interprétation qu'on en fait? Prenons-en l'exemple de la question de la raison de la création dans le Ca– théchisme de l'Eglise catholique où la réponse est demandée d'abord à saint Bona– venture et ensuite à S. Thomas: C'est une vérité fondamentatle que les théolo– giens, la Tradition ne cessent d'enseigner. Le monde a été créé pour la gloire de 65 A. Gerken, La théologie du Verbe, 240.

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