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88 CAMILLE BÉRUBÉ Vult enim Deus ex charitate primo bene sibi, tanquam fini omnium; secundo, vult alium velle sibi bonum esse; in isto instanti potest poni praedestinatio... primo vult se, secundo vult velle se, et tertio vult omnia hornini necessaria ad hoc volendum 63 • Si Iammarrone avait utilisé ces textes sur la charité de Dieu, son exposé de la raison principale de l'incarnation du Verbe en eût été illuminé et notablement enrichi. Il aurait compris non seulement, comme il le dit excellement à la page 261 da La cristologia Jrancescana, que "l'intention de Dieu de destiner à la gloire, veut dire destiner à la glorieuse et beatifiante vie éternelle avec lui", mais aussi que cette vie éternelle consiste dans l'amour chaste et réciproque de Dieu et des élus, décrit par le Docteur Subtil dans Ord. III cl. 32 et dist. 28. Ces moments de la prédestination à l'amour pur reviennent comme un refrain en divers endroits, notamment à l'occasion des mérites du Christ, signalé par Iammarone. Le lecteur se demande aussi en quoi consiste cette suprême glorification de Dieu par le Christ répétée comme un refrain par Iammarrone et nombre de scotistes, par exemple: glorification de Dieu créateur bénéfique (p. 262); l'Homme-Dieu destiné à la suprême glorification de Dieu (p. 263); la destina– tion du Christ... à la glorification divine (p. 264); "Dio... vuole essere amato da un altro che lo possa riamare o rispondere al suo sommo amore in misura somma" (p. 268); "... nel libero disegno divino di amore di comunicazione di grazia e di gloria somme alla creazione e di attesa di una risposta di somma glo– rificazione di Dio da parte di essa" (p. 272). Selon Ord. III. cl. 32 et Rep. Par. III, d. VII, q. IV, la béatitude de Dieu consiste en l'amour de justice de son essence, et la raison d'être du Christ est le plus grand amour de Dieu dans une créature, en tout état, celui de la fidélité d'Adam à la volonté de Dieu comme dans celui du péché et de la rédemption du genre humain par la Passion, la mort sur la croix. Nous ne connaissons aucun texte de Scot qui affirme la glorification de Dieu comme raison de la création, de l'incarnation ou de la rédemption. Déjà vers l'année 150, saint Irénée de Lyon écrivait que ce n'est pas l'homme qui glo– rifie Dieu, mais Dieu qui a créé les hommes pour les glorifier par ses bienfaits 64 • Un millénaire plus tard le Docteur Subtil revalorise la primauté de la Béni– gnité ou Charité de Dieu pour répondre à la question fondamentale pourquoi y a-t- 63 Rcp. Par. III, d. 32, q. unica; XXIII 508ab. 64 Irénée de Lyon, Contre les hérésies, vol. II (Sources Chrétiennes, 264), Paris 1979, 337- 345.
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