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86 CAMILLE BÉRUBÉ Cette théologie scotiste de l'amour chaste, pur, désintéressé, est exposée dans Ord. III, d. 32, q. un. et d. 28. Il a été écrit par Scot ou un secrétaire. Nous en traduisons très littéralement le passage central, très dense mais très riche de doctrine, pour le plaisir du lecteur. Celui qui veut d'une façon rationnelle, veut d'abord la fin, en second lieu, ce qui touche immédiatement la fin et en troisième lieu, ce qui y est ordonné de fa– çon éloignée. Comme Dieu agit d'une façon rationnelle, il veut d'abord la fin, en un même acte, en tant qu'il tend de façons diverses, mais ordonnées, aux termes de cet acte. Et son acte est parfait et sa volonté bienheureuse. En second lieu, il veut les choses qui sont immédiatement ordonnées à cette fin, en prédestinant les élus qui atteignent immédiatement cette fin, et cela par une certaine réflexion en voulant que d'autres aiment le même objet que lui, comme il a été dit déjà de la charité (dist. 28). Celui, en effet, qui s'aime d'abord lui-même d'une façon ordon– née, et non d'un zèle désordonné ou par envie, veut en second lieu que d'autres aiment; c'est vouloir que d'autres aient le même amour en eux-mêmes. C'est les prédestiner, s'il veut ce bien de façon finale... En troisième lieu, il veut les biens nécessaires pour atteindre cette fin, c'est-à-dire les biens de la grâce. En quatrième lieu, il veut le monde sensible, pour que l'homme s'en serve pour aimer Dieu, de sorte que l'homme soit la fin du monde sensible... Il s'ensuit que les choses ont leur bonté en tant que voulues par Dieu pour l'homme. Et même si l'intelligence divine leur trouve une certaine bonté quant à leur essence, de sorte que l'intelligence juge rationellement qu'elles puissent plaire à la volonté, il est certain que, quant à leur existence actuelle, c'est purement en vertu de la volonté divine, sans aucune raison déterminante de leur part 57 • On aura sans doute remarqué que Scot dit expressément que c'est laper– fection de l'acte d'amour en Dieu qui cause la béatitude de sa volonté. Il en ré– sulte qu'il en est ainsi pour les Bienheureux. Ce texte est considéré par d'émi– nents médiévistes, - tels que Ephrem Longpré 58 , Wolfhart Pannenberg59, Ale- 57 Duns Scot,Quaestiones in m libmm Sententiamm, d. 32, q. un. Edit. Vivès, XV, 433. 58 Cf. Ephrem Longpré, La rqyauté de Jésus-Christ chez S. Bonaventttre et le B. Duns Scot, Montréal 1927, 19. 59 Cf. Wolfhart Pannenberg, La dottrina della predestinazjone di Duns Scoto net contesto de!lo svi!uppo della dottrina scolastica (Fonti e ricerche, 6), Milano 1995, 102 ("La tesi formula il principio strutturale della dottrina della predestinazione scotista, e inoltre del sistema scotista in gene– rale''). Dans La cristologiajrancescana (pag. 249 note 13), Iammarrone note que W. Pannenberg ne cite que deux fois la prédestination du Christ. Il oublie qu'à la page 102, Pannenberg cite longuement Ox. III, d. 32, n. 6; Vivès XV, 432, selon une réportation publiée par C. Balié, et

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