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L'INCARNATION DU VERBE 81 2. Du Docteur Séraphique au Docteur Subtil Quelque vingt-cinq ans après la mort de Bonaventure, en 1274, Jean Duns Scot commentait les Sentences de Pierre Lombard. G. Iammarone note que bien qu'il n'ait laissé qu'une oeuvre didactique privée d'élans et d'effusions mysti– ques, il fait preuve d'une profonde expérience de foi et de sens personnel du mystère de Dieu et du Christ. Du point de vue de notre recherche, ce qui nous intéresse c'est la raison principale de l'incarnation. Iammarone décrit dans la première partie la réalité humaine du Christ dans son être et son devenir. Cela comprend l'être humain du Fils de Dieu, la vie historique du Verbe de Dieu dans Jésus de Nazareth, la rédemption douloureuse, le don libre du plus grand amour et la résurrection libre du Christ Jésus. Bien que notre historien veuille seulement analyser les éléments fonda– mentaux de la christologie de Scot, il estime que son exposé serait vraiment mutilé, s'il n'impliquait pas la doctrine qui contredistingue de façon singulière, en soi et sur le plan historico-théologique, l'intuition doctrinale qui a qualifié pour des siècles l'école théologique passée à l'histoire comme "école scotiste", ou" le scotisme" 41 Cette intuition c'est "la centralité du Christ dans le dessein d'amour de Dieu de communiquer sa gloire ad extra" 42 • Pour comprendre l'interprétation que G. Iammarrone présente de la doc– trine de Scot sur la raison principale de l'incarnation, il faut connaître le con– texte historique du Scotisme qu'il évoque. 3. L'histoire du Scotisme L'histoire nous fait constater que les scotistes des derniers siècles se peu– vent classer en deux catégories. Il y a ceux qui donnent, comme raison princi– pale de l'incarnation, la gloire de Dieu par la manifestation de sa puissance, de sa sagesse, de sa miséricorde et d'autres attributs qui apparaissent dans l'incar– nation. On y ajoute le Christ comme Summum Opus Dei dans l'histoire du salut, la rédemption du genre humain, la perfection de l'univers. Ainsi procèdent Sé– bastien Dupasquier, frère mineur conventuel, vers l'an 1700, et Dominic J. Un– ger, frère mineur capucin, en 1942. Ils ignorent la prédestination du Christ à l'amour de Dieu comme raison principale de l'incarnation et de la création. 41 Cf. G. Iamrnarrone, La cristo!ogiajrancescana, 258. 42 Ibid

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